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ATHÈNES (JEUX OLYMPIQUES D') [2004] Contexte, organisation, bilan

Réuni pour sa cent sixième session du 2 au 7 septembre 1997 à Lausanne, le C.I.O., qui va désigner la ville d'accueil des XXVes jeux Olympiques d'été de 2004, doit tirer le bilan des Jeux d'Atlanta de 1996 : en 1990, il avait choisi Atlanta aux dépens d'Athènes, préférant ancrer le mouvement olympique dans une modernité guidée par l'économie de marché plutôt que de célébrer son histoire centennale. Or ces Jeux « Coca-Cola » se sont soldés par un fiasco total. Athènes, qui présente de nouveau un dossier, semble donc bénéficier d'un préjugé favorable. Rome, Le Cap, Stockholm et Buenos Aires sont ses rivales. Le 5 septembre, après que Buenos Aires, Stockholm et Le Cap ont été successivement éliminées, Athènes se voit désignée, par soixante-six voix, contre quarante et une pour Rome. Mais ce succès n'est pas uniquement dû à la nostalgie. En effet, Gianna Angelopoulos-Daskalaki, une jeune femme de quarante et un ans alliant le charme et la détermination, défend avec un très grand brio le dossier hellène et convainc les « cardinaux » de la solidité du projet grec.

Forte de ce triomphe, Gianna Angelopoulos-Daskalaki est bien sûr nommée présidente du comité d'organisation (Athens Olympic Organizing Committee, Athoc). En fait, toute la Grèce doit se mobiliser, car les enjeux financiers sont colossaux, et, à l'occasion des Jeux, Athènes veut mettre en œuvre un important projet de modernisation en adaptant ses infrastructures aux besoins d'une métropole moderne tout en restaurant son patrimoine historique : il s'agit en fait pour la ville du premier plan d'urbanisme envisagé dans sa globalité depuis près de deux siècles. Il faut d'abord s'attaquer au problème des transports. Afin de mieux relier la Grèce au monde, la construction d'un nouvel aéroport était programmée avant l'attribution des Jeux : on tente d'accélérer les travaux et, en 2001, l'aéroport Eleftherios-Venizelos, situé à Spata, à une trentaine de kilomètres au sud-est de la ville, est inauguré (cette construction, financée pour moitié sous forme de prêts de la Banque européenne d'investissement, revient à 2,150 milliards d'euros). Pour désengorger la ville, au bord de l'asphyxie, on construit de nouvelles lignes et stations de métro, ce qui coûte 1,6 milliard d'euros, une nouvelle ligne ferroviaire reliant l'aéroport au centre-ville (640 millions d'euros), des rocades autoroutières, on fait renaître le tramway... Concernant les infrastructures sportives, Athènes propose des Jeux relativement « compacts ». Le projet prévoit trois grands ensembles : le Complexe olympique de Maroussi, implanté au nord de la ville ; le Complexe olympique d'Helliniko, édifié à la place de l'ancien aéroport ; le Complexe de la baie du Phalère, en bord de mer. Plusieurs épreuves sont également prévues en grande banlieue.

Le projet s'avère très séduisant, mais il démarre tard et les travaux progressent très lentement : corruption, manque de coordination entre les ministères, déficit de savoir-faire handicapent lourdement l'Athoc, qui doit aussi « subir » les découvertes archéologiques (maisons datant de 2800 avant J.-C. mises au jour à Schinias, tombes d'époques mycénienne et minoenne exhumées à Markopoulo). Le C.I.O. s'inquiète, tempête, menace de transférer les Jeux (pour la première fois, il avait pris la précaution de s'assurer contre le risque d'annulation des Jeux)... Gianna Angelopoulos-Daskalaki tente de rassurer le mouvement olympique, mais celui-ci demeure dans l'expectative : 100 jours avant le début des Jeux, seulement quinze des trente-sept chantiers mis en œuvre sont achevés. Pourtant, le 13 août 2004, durant la cérémonie d'ouverture, Gianna Angelopoulos-Daskalaki est satisfaite : « Nous avons couru un marathon au rythme d'un sprint », déclare-t-elle,[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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