ATLANTA
Symbole de l’affirmation économique des villes du sud des États-Unis, Atlanta est passée en quarante ans du rang de ville moyenne à celui de métropole internationale. Alors que l’agglomération comptait 2 millions d’habitants en 1980, elle en compte 5,9 millions en 2017, dont 420 000 dans la commune d’Atlanta, et se place ainsi au neuvième rang des agglomérations américaines.
La capitale de la Georgie doit son essor récent au développement des nouvelles technologies, de l’information et des transports, et à la présence de grandes compagnies internationales : Coca-Cola, CNN, Delta Air Lines, UPS y ont domicilié leur siège.
Située à la pointe sud du massif des Appalaches, Atlanta est une ville de piémont, édifiée à 320 mètres d’altitude, sur la zone de contact entre le massif montagneux et la plaine côtière, et domine ainsi le carrefour entre le bassin du Mississippi et la côte Atlantique. Cette légère altitude tempère le climat subtropical humide que connaît le reste de la Georgie.
La ville d’Atlanta est née du transport, vocation qui ne l’a pas quittée depuis sa création. Dès 1812, un premier poste militaire, Fort Peachtree, est édifié à la frontière entre les territoires creeks et cherokees et au confluent de la Chattahoochee River et de la Peachtree Creek. Comme les autres postes militaires voisins construits lors de la guerre anglo-américaine de 1812, il est destiné au contrôle des Indiens Creeks, alors alliés des Britanniques. Fort Peachtree devient rapidement un lieu d’échanges avec cette population. Son destin bascule quand, en 1837, la Western & Atlantic Railroad choisit le site pour en faire son terminal ferroviaire. Le village prend alors le nom de Terminus. Il est rebaptisé Marthasville en 1843, en l’honneur de la fille du gouverneur de l’époque puis, lorsque la ville sera élevée au rang de commune en 1845, on la nommera Atlanta, féminisation du nom « Atlantic » destinée à attirer les investisseurs du Nord-Est. En 1846, deux autres lignes de chemin de fer rejoignent la Western & Atlantic Railroad. Le destin logistique d’Atlanta est scellé.
À la veille de la guerre de Sécession (1861-1865), la ville compte 9 500 habitants, parmi lesquels une population noire, libre ou esclave, et devient un des points stratégiques de ravitaillement pour la cause sudiste lorsque la guerre éclate. Reprise par les troupes unionistes du général Sherman, Atlanta est incendiée le 15 novembre 1864, événement immortalisé dans le roman de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent.
Atlanta se redresse toutefois rapidement, forte de ses quinze lignes de chemin de fer qui s’y croisent au tournant du xxe siècle, et renforce son pouvoir attractif à l’échelle de tout le Sud-Est. En 1900, 40 p. 100 des 90 000 habitants de la ville sont afro-américains : conflits ethniques et batailles de rues meurtrières (1906) dessinent une ségrégation dans la géographie sociale de la ville, qui ne cessera de s’affirmer.
Les années 1930 et le New Deal consacrent Atlanta comme le carrefour économique du Sud-Est, avec la construction d’un réseau autoroutier centré sur la ville et d’un aéroport assurant les escales entre New York et Miami. Les besoins de la Seconde Guerre mondiale vont renforcer l’industrie locale et, après la guerre, les industries automobile et aéronautique commencent à s’y implanter.
Toutefois, à l’échelle locale, l’arrivée de l’automobile renforce encore la séparation des groupes ethniques avec la fuite des populations blanches vers les banlieues nord, et tandis que les droits civiques s’imposent progressivement, la population noire devient majoritaire en 1970 : Atlanta est la première ville à élire un maire afro-américain, Maynard Jackson, en 1973. Les gratte-ciel du Peachtree Center, de l’architecte John C. Portman, soulignent alors le dynamisme économique de la ville à l’échelle régionale. Il faut attendre[...]
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Écrit par
- Laurent VERMEERSCH : docteur en géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias
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