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EGOYAN ATOM (1960- )

Si le cinéaste et plasticien canadien Atom Egoyan a intégré, à ses débuts, la vidéo à ses créations, sa démarche ne relève pas, alors, de l'optique formaliste des plasticiens des années 1980 adeptes du « vidéo-art ». Elle cherche plutôt à élargir le domaine de la fiction filmique. L'accroissement constant de son champ d'investigation artistique le conduit, vers le milieu des années 1990, à s'ouvrir à la pratique de l'installation et du multimédia. Influencé par son père, photographe amateur, accompagné par sa femme, l'actrice Arsinée Khanjian présente dans presque tous ses films depuis 1983, la démarche d'Egoyan ne fut cependant pas isolée. L'Autrichien Michael Haneke (Benny's Video, 1992) comme l'Américain Steven Soderbergh (Sexe, mensonges et vidéo, 1989) ou le Hongrois Arpad Sopsits (Video Blues, 1993) utilisent aussi un tel mélange de matériaux, sans en faire toutefois la donnée centrale de leur œuvre ni lui accorder, comme Egoyan, une valeur introspective aussi importante.

À l'instar de Jean-Luc Godard ou de David Lynch, Atom Egoyan se revendique rapidement artiste polymorphe plutôt que cinéaste. Dès 1996, avec Return to the Flock – œuvre constituée d'extraits de son film Calendar (1993), de douze photographies Durotrans et douze moniteurs vidéo –, il prolonge son travail sur pellicule par des expositions et des installations. En 2007, le Centre Pompidou consacre, dans le cadre de l'année de l'Arménie, un double hommage à Atom Egoyan et à un des maîtres de l'abstraction expressionniste, Arshile Gorky, dont l'influence, notamment dans la mise en crise de la figurativité, sera décisive pour le cinéaste torontois.

Le sens des images

Atom Egoyan est né en 1960 au Caire, dans une famille arménienne et artiste. Il émigre avec les siens au Canada en 1963. À dix-huit ans, il s'installe à Toronto où il obtient, en 1982, un diplôme en relations internationales. Mais il s'intéresse surtout au théâtre et au cinéma. La pièce de Samuel Beckett, La Dernière Bande, dont le « héros » écoute un enregistrement de divers épisodes de son passé, lui inspire en 1979 son premier court-métrage, Howard in particular, puis en 2000, la fiction télévisée Krapp's Last Tape. Il revient à cet ouvrage fondateur en 2002 lors d'une exposition londonienne : Steenbeckett. Mais, dès Peep show (1981), il formule les principales données de son œuvre future.

Jusqu'à Calendar (1993), le cinéaste va introduire ses recherches formelles dans ses films, en s'attaquant au matériau fictionnel, par le mélange des temps, la confusion des personnalités, le multiculturalisme, cela d'une manière plus visuelle que strictement narrative. À partir d'Exotica (1994), où l'utilisation de la vidéo se fait plus discrète, tout en jouant un rôle de premier ordre dans Le Voyage de Felicia (1999) ou Ararat (2002), Egoyan se livrera à un travail de « dysnarration » en respectant, tout en les détournant, les codes du récit. Il doublera alors ses films par des installations comme The Origin of the Non-Descript (réalisé en 2001 en collaboration avec Geoffrey James, et inspirée du film The Adjuster : photographie, mono-bande couleur en boucle de 30 s., moniteur, son).

Avec ses trois premiers longs-métrages de fiction : Next of Kin (1984), Family Viewing (1987) et Speaking Parts (1989), Atom Egoyan acquiert une notoriété internationale. Dans Next of Kin, la vidéo n'est encore qu'un déclencheur de fiction. Un jeune homme voit sur un écran de télévision, dans la salle d'attente d'un thérapeute, une famille d'origine arménienne se plaindre de la disparition du fils de la maisonnée. L'adolescent va se substituer à ce dernier et vivre, dans un autre pays, l'existence du disparu auprès de sa famille d'adoption. Tous les thèmes du cinéaste sont déjà là : quête d'identité,[...]

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    • 7 médias
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