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JÓZSEF ATTILA (1905-1937)

Attila József, dont l'œuvre fut créée entre les deux guerres mondiales, est l'un des représentants les plus importants de la poésie hongroise, sur laquelle son influence n'a cessé de s'exercer en profondeur. Les difficultés de sa vie, la complexité de son drame humain l'avaient destiné à partager et à chanter le destin à la fois des pauvres de la campagne, des ouvriers de la ville et des intellectuels. Il se proposait de déchiffrer le secret du monde, à l'aide du marxisme et du freudisme. Ses études le conduisirent à affronter des problèmes d'une actualité toujours brûlante : conscience et instinct, révolution et fascisme, pouvoir et humanisme... Après le grand renouveau que les lettres hongroises avaient connu au début du siècle, l'art de József et de ses contemporains inaugura une nouvelle période. Nourrie à des sources multiples, dont la gamme allait du folklore magyar aux tentatives les plus hardies de l'avant-garde européenne, son inspiration combina le réalisme et la réflexion abstraite en une synthèse lyrique qui se distingue par la précision fulgurante de son langage et par sa valeur de témoignage chaleureusement et douloureusement humain.

Années d'apprentissage

Dans son premier recueil, Mendiant de la beauté (A Szépség Koldusa, 1922), les reflets post-symbolistes, les diaprures impressionnistes, le satanisme baudelairien laissent percer le chagrin et le besoin d'affection d'un orphelin humilié. Déjà sa virtuosité surprend. Toutefois, dans le recueil suivant (1924), il répudie le métier traditionnel pour clamer, à la manière chaotique de l'expressionnisme, le programme du Moi poétique uni à la collectivité et la révolte contre le monde absurde (« Ce n'est pas moi qui crie, c'est la terre qui gronde. ») Les années suivantes, dont la production se trouve réunie dans Je n'ai ni père ni mère (Nincsen apám, se anyám, 1929) et dans Abats les chênes (Döntsd a tokét, 1931), seront encore celles de la recherche expérimentale. Poésies libres aux rythmes éclatés, visions surréalistes, compositions « constructivistes », ballades populaires, chansons et chœurs parlés déferlent en vagues successives. Vers 1927-1928 prend forme la série des « médaillons », genre nouveau remarquable par la féerie du surréalisme décanté et de l'observation réaliste :

Bien pauvre et niais, j'étais un éléphant.

J'ai bu aux rivières fraîches et tranquilles.

Avec ma trompe sur le haut de la colline

Je caressais, content, la Lune, le Soleil...

À cette époque, le poète affiche une attitude en apparence ironique et désinvolte, des airs frondeurs de gavroche anarchiste et villonisant : « Ohé, les bourgeois ! ohé, prolétaires ! Attila József, c'est moi, me voilà. »

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Écrit par

  • : directeur de l'Institut d'histoire littéraire de l'Académie hongroise, Budapest.

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