JÓZSEF ATTILA (1905-1937)
Dernières années : la chanson freudienne
Vers 1934, la névrose, les injustices subies (le parti communiste clandestin l'exclut de ses rangs), le dénuement pèsent terriblement sur Attila József. Le traitement de psychanalystes successifs lui fait douloureusement revivre son enfance passée dans la misère prolétarienne à Budapest, sa ville natale. Dans son dernier recueil, Cela fait mal (Nagyon fáj, 1936), il essaie de subjuguer sa schizophrénie par l'acte poétique : « J'écoute les messages qui me parviennent du fond de mon être. » Il les note consciencieusement : la culpabilité, le complexe du père, l'aliénation, la fuite auprès de sa mère, la désagrégation du moi. « Ce que j'appelais moi n'existe plus. J'en grignote les dernières miettes pendant que je compose ce poème. »
Au temps où la menace de la guerre se précise, il lui reste assez d'énergie pour s'opposer à l'égarement de la raison et aux instincts agressifs. Parallèlement à la chanson freudienne, il crée un puissant lyrisme antifasciste : « Du fond des temps, un rat porte la peste. De la pensée obscure... »
1937 est encore une grande année pour sa poésie : des profondeurs de son mal, une remontée s'amorce vers un large horizon humain, politique et national. Il fait la connaissance de Flóra, et l'amour purifiant qu'il éprouve pour l'incarnation du clair savoir et de la beauté lui donne un élan ultime pour dresser le bilan de ses interrogations et de ses certitudes.
Puis son état de santé empire ; atteint d'une grave dépression nerveuse, le poète se jette sous un train de marchandises à Balatonszárszó.
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Écrit par
- Miklós SZABOLCSI : directeur de l'Institut d'histoire littéraire de l'Académie hongroise, Budapest.
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