HERBIN AUGUSTE (1882-1960)
Peintre français, Herbin représente l'un des rares cas manifestes de passage du cubisme à la stricte « géométrie ». Il n'a jamais été cubiste au sens historique du terme, car il travailla longtemps en isolé. Ayant débuté, sous l'influence des fauves, par des natures mortes et des paysages aux structures affirmées sous leurs teintes ardentes, il évolue vers l'interprétation du sujet par l'emploi d'aplats qui correspondent chez lui à la phase terminale de l'aventure cubiste (1912 env.). Sa peinture de l'époque reste figurative et le redevient totalement pour une courte période. C'est seulement vers 1920 qu'il découvre le répertoire géométrique qui fera sa célébrité. Il l'utilise d'abord dans un registre décoratif, où les éléments d'un décor familier sont aisément repérables sous une transposition assez élégante, mais de caractère théorique, qui s'apparente aux dentelures de Juan Gris. Cependant l'architecture des plans, jointe à l'emploi de rythmes circulaires, annonce la mise au point « volontaire » de son style. Il l'applique même à des constructions de bois polychromé. En 1927, il découvre enfin l'abstraction géométrique « pure », de tendance monumentale, qui sera la sienne désormais. Il fonde en 1931 avec Georges Vantongerloo le mouvement « Abstraction-Création ». En 1948, il publie L'Art non figuratif, non objectif, où il explicite sa recherche d'un langage fondé sur les rapports des surfaces les plus simples et surtout sur les rapports des couleurs (de préférence primaires), auxquelles il attribue une valeur spirituelle intangible que les surfaces sont seulement chargées de répercuter. De ce style dépouillé, aboutissant à de savantes juxtapositions de polygones et de cercles, Herbin a été le seul à posséder la clé.
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Écrit par
- Gérard LEGRAND : écrivain, philosophe, critique d'art et de cinéma
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