Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MIGNET AUGUSTE (1796-1884)

Entre 1825 et 1845, Auguste Mignet fut l'un des hommes les plus célèbres de sa génération. Né à Aix-en-Provence, fils d'un serrurier aisé, il put faire de brillantes études de droit et se lia avec Thiers d'une amitié fraternelle. Lauréat de l'Académie des inscriptions et belles-lettres pour une étude sur les institutions féodales, il partit en 1821 pour Paris, où il se fit aussitôt remarquer par des articles vigoureux dans Le Courrier français, quotidien libéral, et par des cours d'histoire donnés à l'Athénée devant un public enthousiaste. Mais c'est son Histoire de la Révolution française qui, en 1824, le porte au sommet de la gloire : il y propose une explication rationnelle des sursauts révolutionnaires par la lutte des classes (Chateaubriand voit là du « fatalisme historique ») et tire de son analyse des préceptes qui constituent comme un bréviaire des révolutions bourgeoises. Bientôt traduit en vingt langues, le livre fait le tour du monde. En 1830, Mignet collabore activement au National, qu'il a fondé avec Thiers et Carrel, et devient l'un des principaux artisans des Trois Glorieuses, puis une personnalité de premier plan durant la monarchie de Juillet. Converti à l'histoire, qu'il regarde comme la science humaine par excellence, il veut, avec Guizot et Victor Cousin, établir cette discipline au sommet de la culture française. Dans ce but, il se fait nommer, ou élire, directeur des Archives diplomatiques (1830), membre (1833) puis secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques (à ce titre, il prononce des Éloges très admirés), membre de l'Académie française (1836), directeur des comités historiques du ministère de l'Instruction publique. Ces hautes fonctions lui échappent en partie entre 1848 et 1856, mais il conserve un réel prestige grâce à son œuvre écrite. Établissement de la Réforme à Genève (1834), Négociations relatives à la succession d'Espagne (1835 et 1842), Antonio Pérez et Philippe II (1845), Vie de Franklin (1848), Histoire de Marie Stuart (1851), Charles Quint, son abdication, sa retraite (1854), Rivalité de Charles Quint et de François Ier (1875), tels sont les titres de ses principaux ouvrages : on y observe un recul progressif des préoccupations philosophiques, une exigence de plus en plus rigoureuse d'information solide et d'impartialité.

— Yvonne KNIBIEHLER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Provence, Aix-en-Provence

Classification

Autres références

  • NATIONAL LE

    • Écrit par
    • 531 mots

    L'origine des capitaux qui permirent la création du National n'a pas été clairement établie, mais on peut estimer qu'une partie fut d'origine orléaniste. Le journal fut lancé le 3 janvier 1830 par trois associés : Thiers, qui ne se trouvait plus assez libre au Constitutionnel...

  • RÉVOLUTION FRANÇAISE

    • Écrit par et
    • 29 554 mots
    • 3 médias
    ...permettant que se constitue une représentation nationale contrôlée, qui canaliserait l'énergie politique tout en évitant les radicalisations et les violences. Participant du même mouvement d'ouverture, les vulgarisations historiques qu'Auguste Mignet (Histoire de la Révolution française, 1824) et...