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VERMOREL AUGUSTE (1841-1871)

Fils d'un instituteur du Rhône, il est journaliste à vingt ans et fonde La Jeune France, qui lui vaut deux condamnations. Il crée, avec un groupe de jeunes proudhoniens, Le Courrier français, qui va connaître une grande audience. « Nous avons relevé, écrit Vermorel dans Le Courrier français, le drapeau socialiste affirmant les grands principes dont Proudhon a été le dernier confesseur. Ce socialisme ne demande rien à l'État. Il vit de liberté, de mutualité. » Ce journal professe un collectivisme antiautoritaire et autogestionnaire. Lissagaray souligne que Le Courrier français « était le seul journal de l'époque ; les ouvriers, les républicains d'avant-garde le lisaient ». Et P. Lafargue proclame « qu'il était le seul journal où un socialiste qui se respecte puisse écrire ». Le Courrier français succombe en 1868. Cependant, ses livres vigoureux Les Hommes de 1848 (1868) et Les Hommes de 1851 (1869) attirent à Vermorel la haine et les calomnies de vieux républicains quarante-huitards. Henri Rochefort l'accuse d'être lié avec la police et l'empereur, et Félix Pyat reprendra ces accusations avant et pendant la Commune. En 1870, Vermorel publie Le Parti socialiste, livre d'une très grande portée, qui synthétise en un programme cohérent toute la doctrine de Proudhon. De nouveau emprisonné pour ses articles dans le journal La Réforme, il est délivré le 4 septembre 1870, et fait reparaître Le Courrier français. Il participe à la manifestation du 31 octobre et est encore emprisonné. Libéré à la fin du siège, il est élu le 20 mars 1871 membre de la Commune. Il lance deux journaux : L'Ordre et L'Ami du peuple (ce dernier relevant le titre illustré par Marat et, plus récemment, par Blanqui). Il appartient successivement à la commission de la Justice, à la Commission exécutive, à celle de la Sûreté générale. Infatigable, courageux, organisateur, « il se livra à corps perdu ; plus actif et laborieux qu'aucun autre, il ne sortait du conseil que pour aller aux avant-postes » (Lissagaray). Mais son allure gauche, sa parole embarrassée l'empêchent d'avoir sur la Commune l'attraction qu'auraient pu lui conférer son autorité et sa force morale. Il dénonce vigoureusement le centralisme formel de la majorité, la poltronnerie de Pyat, les manies et la phraséologie des « Jacobins ». Avec Varlin, il dépense toutes ses énergies pour pallier les insuffisances de la Commune. S'opposant au Comité de salut public, il vote le manifeste de la Minorité. Pendant la Semaine sanglante, il se retranche dans le XVIIIe arrondissement, organisant et faisant le coup de feu. Le 25 mai, il est grièvement blessé sur la barricade du Château-d'Eau (là-même où Delescluze allait se faire tuer), il est fait prisonnier le 26 et, non soigné, il succombe le 20 juin.

— Jean BANCAL

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, ès sciences économiques, docteur en droit, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne, directeur du Centre d'études et de recherches pour le développement intégré

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