DU SEUIL AUGUSTIN (1673-1746)

La carrière du relieur français Augustin Du Seuil fut placée sous la protection du Régent qui, en 1717, lui accorda, en surnombre, la charge exceptionnelle de relieur ordinaire du roi. On lui doit une dizaine de reliures mosaïquées exécutées sur des maquettes originales d'un style très libre, en correspondance évidente avec les formules artistiques nouvelles que Philippe d'Orléans favorisait. Elles recouvrent notamment des exemplaires du Longus du Régent (1718) ou des livres de piété aux armes de la famille d'Orléans ou de son entourage. La grande réputation qu'il connut en son temps est attestée par l'éloge que lui décerna Pope dans sa quatrième Épître morale (1731). Son œuvre ultérieure reste actuellement indiscernable de celle de ses grands rivaux Antoine-Michel Pasdeloup et Jacques-Antoine Derome. Comme eux, il dut exécuter différents genres de « mosaïques » ainsi que des « dentelles ». En dehors des pièces à grand décor, il exécuta des reliures plus sobres de grande qualité sur des volumes de la bibliothèque de Louis-Henri Loménie de Brienne, ainsi que pour les livres de la duchesse de Berry et du comte de Hoym. C'est à tort que l'on a nommé reliures « à la Du Seuil » des reliures à encadrements dont la vogue se situe durant tout le xvii^e siècle.

— Jean TOULET