AULNAIES
Aulnaies forestières
Au contraire des précédentes, elles sont localisées dans les grands massifs forestiers, le long des ruisseaux et des vallons humides et autour des sources. Deux ensembles aulnaie-frênaie et aulnaie-saussaie s'opposent par la réaction du sol et de l'eau.
Aulnaie-frênaie mésotrophe-eutrophe
Groupement typique
Il est très répandu dans toutes les grandes forêts sur sol riche mais non tourbeux (argileux ou marneux) de pH≥6, notamment à l'ouest et au nord de Paris. C'est une forêt dense et de bonne croissance dont les essences principales (futaie et taillis) sont l'aulne, le frêne et le chêne pédonculé ; en sous-étage, divers arbustes (viorne obier, groseillier), mais peu de lianes. La strate herbacée est la plus caractéristique avec de grands Carex (notamment C. pendula), Festuca gigantea, les dorines (Chrysosplenium) et de très nombreuses plantes forestières d'humus doux (Primula elatior, Melandryum silvestre, Veronica montana...), croissant aussi dans la chênaie-charmaie, type forestier succédant par drainage à l'aulnaie-frênaie.
Variantes
Dans certains cas, ce groupement constitue des états intermédiaires avec les autres aulnaies. Les peuplements herbacés à Cardamine amara et Chrysosplenium constituent, près des ruisseaux rapides et des sources, le stade initial. Dans les fonds plats marécageux, on passe à une forme d'aulnaie-peupleraie avec Equisetun maximum (prêle élevée). Les allées en étoile des forêts de chasse à courre, sur sols argileux inondés (haute Normandie, Compiègne, Retz, Saint-Gobain), régulièrement fauchées, constituent des laies à Carex strigosa ; leur évolution normale – sans fauche – conduirait à une aulnaie-frênaie à Carex pendula.
Aulnaie-saussaie oligotrophe : aulnaie à sphaignes
Ce type forestier, relativement rare, implique une forte acidité du sol humide (pH voisin de 5) ; il est surtout présent quand un niveau de sources, sur argiles non calcaires, est surmonté de sables formant un podzol (ex. : niveau des argiles vertes sous les sables de Fontainebleau dans la région parisienne) ; mais il peut exister dans des mares acides en voie d'atterrissement (plateau de Brie, environs de Rouen, etc.). Il est fréquent dans les massifs hercyniens (caractères occidentaux et submontagnards).
C'est un bois généralement dense et sombre, mais formé d'arbres malvenants avec buissons irréguliers et strate basse continue où dominent les sphaignes. Le nombre d'espèces est beaucoup plus faible que pour les autres aulnaies, par suite de la pauvreté du sol en éléments nutritifs. Sous les aulnes – ce dernier pouvant manquer dans les conditions les plus extrêmes d'acidité – on observe une strate herbacée et muscinale très spéciale, avec des Carex (C. stellulata, C. canescens...), des fougères (fougère femelle, Polystichum montanum, Blechnum spicant, plus rares, aux pH les plus bas et tolérant un certain assèchement), de nombreuses sphaignes, un polytric dépassant parfois trente centimètres (Polytrichum commune), des hépatiques...
La présence de l'osmonde indique des conditions intermédiaires avec l'aulnaie-frênaie (pH entre 5 et 6) : l'aulne est alors plus abondant.
L'assèchement par drainage de l'aulnaie à sphaignes a été souvent réalisé, entraînant sa disparition ; les quelques stations qui subsistent devraient être protégées, d'autant que leur surface est faible et que leur destruction aboutit à un type forestier qui n'est guère meilleur.
Peuplements artificiels d'aulnes
Dans les forêts dont le sol a tendance à la podzolisation, la plantation d'aulnes peut freiner ou empêcher cette dégradation, d'une part en enrichissant le sol en azote par leurs mycorhizes, d'autres part en éliminant les graminées envahissantes comme la molinie. L'aulne glutineux convient particulièrement en sol humide, l'aulne blanc[...]
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Écrit par
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
Classification
Média