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AURORE, mythologie

Si l'on en croit Hésiode (La Théogonie, 371-374), Aurore ou Èos aux doigts de rose et vêtue de safran est la fille du Titan Hypérion et de la Titanide Théia. Comme son frère Hélios, auquel elle ouvre les portes du ciel et qu'elle accompagne dans sa course, et comme sa sœur Sélénè, elle appartient donc à la première génération divine. Avec Astraéos, un autre petit-fils de Gaïa, elle engendra les vents au cœur violent : Zéphyr, Borée et Notos, ainsi qu'Éosphoros, l'Étoile du matin, et les astres étincelants dont se couronnent le ciel (ibid., 378-382). Mais Aurore est surtout connue comme une grande amoureuse, aux passions d'autant plus funestes qu'elle est vouée à ne s'attacher qu'à des objets mortels — auxquels elle est d'ailleurs fatale — et qu'elle ne peut donc ni se fixer ni se satisfaire définitivement : telle serait en effet la rançon d'une ancienne aventure avec Arès, qui aurait fort déplu à Aphrodite. Les noms de quelques-uns des nombreux mortels aimés d'Aurore et qu'Aurore ravit sont restés : le géant Orion, fils de Poséidon, auquel Hélios redonna la vue et qu'elle enleva et emmena à Délos, où il périt victime d'Artémis (L'Odyssée, V, 121-124) ; Céphale, qu'elle enleva en Syrie et duquel elle enfanta Phaéton (plus généralement tenu pour le fils d'Hélios) ; Klitos, le petit-fils de Mélampous (ibid., XV, 250) ; Tithonos enfin, fils de Laomédon et frère aîné de Priam, qu'elle enleva en Éthiopie, le pays du Soleil, et avec lequel elle eut deux fils, Émathion et Memnon, qui combattirent les Grecs devant Troie. Aurore obtint de Zeus qu'il conférât l'immortalité à ce dernier amant, mais oublia de demander aussi pour lui l'éternelle jeunesse ; si bien que Tithonos, le « compagnon de la reine du jour », ne cessa de vieillir et de se ratatiner : sa compagne dut l'enfermer dans son palais et/où il se transforma en cigale.

Certains, tel Robert Graves dans Les Mythes grecs (The Greek Myths, 1955), n'ont voulu voir dans les amours d'Aurore qu'une « fantaisie » hellénique quelque peu grivoise. Face à ce scepticisme de chirurgien qui réduit l'éveil du jour, le désir sexuel et le pressentiment du sacré, on ne peut que renvoyer le lecteur aux authentiques poètes : Hölderlin, par exemple, dans l'hymne en esquisse intitulé Les Titans (trad. franç. in Hölderlin, Œuvres) :

  Mais quand s'allume

 Le feu du jour affairé

 Et qu'à la chaîne qui doit détourner

 l'éclair

 Brille à l'heure de l'aurore

 La rosée du ciel,

 Chez les mortels eux aussi la présence

 Du divin doit être sentie.

— Robert DAVREU

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Écrit par

  • : enseignant en littérature générale et comparée à l'université de Paris-VIII, poète et traducteur

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  • UṢAS

    • Écrit par
    • 371 mots

    Nom sanskrit de la déesse de l'Aurore qui, parmi les rares divinités féminines du panthéon védique, occupe une place privilégiée : le Rig-Veda lui consacre toute une série d'hymnes, honneur qu'elle ne partage avec aucune autre déesse. On peut, certes, expliquer en partie ceux-ci par le plaisir littéraire...