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AUSTRASIE, LE ROYAUME MÉROVINGIEN OUBLIÉ (exposition)

Longtemps, les débuts du Moyen Âge ont eu mauvaise presse. C’était la période des « invasions barbares », des « rois fainéants » et de leurs sanglantes querelles de famille : « le despotisme tempéré par l’assassinat », écrivait Fustel de Coulanges. Il est vrai qu’il s’agissait de dynasties germaniques, un fait difficile à enseigner dans une école républicaine née de la défaite de 1870 face à l’Allemagne. Symétriquement, la France et ses quarante rois auraient daté du baptême fondateur de Clovis, alors même que la Gaule et l’empire étaient christianisés depuis un siècle et toute autre religion interdite et persécutée.

Cette vision a changé intégralement depuis deux décennies, notamment grâce à la multiplication des fouilles archéologiques préventives, qui ont fait surgir des pans entiers de ces siècles obscurs, avec leurs villages inconnus jusqu’alors, leurs nécropoles aux riches offrandes et leur artisanat sophistiqué. La grande expositionRome et les Barbares (Palazzo Grassi, Venise, 2008) a connu un succès important, tandis qu’en 2016 s’ouvraient trois nouvelles expositions : Les Temps mérovingiens au musée de Cluny, plus axée sur des objets exceptionnels ; Quoi de neuf au Moyen Âge ? à la Cité des sciences de La Villette, en partenariat avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ; et, enfin, Austrasie, le royaume mérovingien oublié, successivement à Saint-Dizier (espace Camille-Claudel, du 16 septembre 2016 au 26 mars 2017) puis au musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (du 3 mai au 2 octobre 2017), une coproduction du musée de Saint-Dizier et de ce dernier, en partenariat avec l’INRAP.

Un puissant royaume

Pourquoi à Saint-Dizier ? Parce qu’en 2002 trois tombes particulièrement riches, celles de deux hommes et d’une jeune femme appartenant à l’aristocratie franque, y furent découvertes (site de La Tuilerie) lors d’une fouille préventive de l’INRAP. Datées du milieu du vie siècle de notre ère, elles contenaient de nombreuses armes, des bijoux et de la vaisselle en terre, en bronze et en verre. Une première exposition, Nos Ancêtres les Barbares, y fut donc organisée en 2008.

<em>Solidus</em> (sou) de Théodebert I<sup>er</sup> - crédits : Laurianne Kieffer/ Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole

Solidus (sou) de Théodebert Ier

Austrasie, le royaume mérovingien oublié, plus large encore, est donc consacrée à l’un des principaux royaumes francs (du vie siècle au début du viiie siècle) avec la Neustrie, issus tous deux du démembrement de l’empire de Clovis. On sait en effet que, bien loin de l’idée d’une « nation » permanente, qui ne date que de deux siècles à peine, les rois « barbares » considéraient leurs territoires comme des biens personnels. À chaque décès royal, les cartes étaient rebattues et les territoires partagés entre les fils. L’Austrasie, dans sa plus grande extension, allait de la mer du Nord à l’Autriche actuelle, englobant ce qui correspond aujourd’hui à la Belgique, au nord-est de la France et à tout le sud de l’Allemagne. Elle eut notamment Reims et Metz pour capitales. « Nouvelle-Austrasie » fut d’ailleurs l’un des noms proposés en 2016 au référendum local organisé pour choisir celui de la nouvelle grande région rassemblant Champagne-Ardenne, Alsace et Lorraine ; mais c’est celui de Grand Est qui fut retenu.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

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Média

<em>Solidus</em> (sou) de Théodebert I<sup>er</sup> - crédits : Laurianne Kieffer/ Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole

Solidus (sou) de Théodebert Ier