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AUSTRONÉSIENS

Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie et la Polynésie. Entité essentiellement linguistique, cet ensemble exclut les populations autochtones de l'Australie et de la Tasmanie (ces dernières aujourd'hui disparues) qui constituent un groupe à part.

Au sens large, il inclut aussi les ethnies qui parlent des langues que l'on ne peut qualifier jusqu'ici que négativement de « non austronésiennes » ou encore de « papoues ». Celles-ci se rencontrent surtout dans les hautes terres centrales de l'île de Nouvelle-Guinée, mais aussi en Indonésie (Timor, Halmahera) et en Mélanésie insulaire.

D'où viennent les Polynésiens et les Austronésiens en général ? Le fait qu'ils aient les premiers affronté l'immensité de l'océan Pacifique et celle de l'océan Indien intrigue depuis longtemps les esprits, et toutes sortes de théories fantaisistes ont été élaborées pour l'expliquer. On a commencé à entrevoir l'histoire du peuplement avec le développement des études linguistiques comparatives et des recherches archéologiques et ethnologiques. Il est probable que les Australoïdes arrivèrent en Nouvelle-Guinée avant de coloniser l'Australie, une colonisation que l'on fait remonter maintenant à environ 35 000 ans. Longtemps après l'arrivée des Australoïdes en Mélanésie sont arrivés les Austronésiens, mélange, né dans le Sud-Est asiatique, d'Australoïdes ou Négritos et d'envahisseurs mongoloïdes. Les Mélanésiens résulteraient d'un nouveau croisement, en Océanie même, avec les Australoïdes ou leurs descendants « papous », tandis que la souche polynésienne qui allait peu à peu se différencier ne serait que le résultat du premier croisement. Le nord de Vanuatu (anc. Nouvelles-Hébrides) semble avoir été un important relais de dispersion.

Les Austronésiens originaires étaient probablement agriculteurs et potiers. Connaissant la pirogue à balancier, ils auraient, aux alentours de l'an 1000, colonisé les îles du Pacifique occidental (Samoa, Tonga...) en apportant les différentes plantes cultivées (igname, taro, arbre à pain, entre autres) et les animaux domestiques (poule, chien, porc surtout). Une civilisation très complexe se serait peu à peu constituée : le Pacifique a dû être le théâtre de migrations multiples, organisées ou accidentelles, facilitant une intrusion continuelle de traditions nouvelles. Bien des problèmes d'histoire culturelle restent cependant à résoudre : l'origine des populations austronésiennes des côtes de la Nouvelle-Guinée, le rôle de la Micronésie, l'influence possible du Japon.

Malgré une diversité frappante due à la dispersion géographique et à la multiplicité des configurations sociales ou artistiques observables, il se pourrait que les spécialistes et les Océaniens eux-mêmes mettent à l'avenir davantage l'accent sur l'unité culturelle et psychologique des différentes cultures austronésiennes. Cette unité allait d'ailleurs de soi pour les premiers voyageurs ou missionnaires. Les grandes caractéristiques des genres de vie et l'organisation économique et sociale ne sont que les variantes d'un modèle commun : les techniques de mise en valeur du sol, les plantes cultivées et les animaux domestiques ne diffèrent guère d'un archipel à l'autre ; on retrouve à peu près partout les mêmes soucis d'équilibre entre les différentes forces composant le corps social. Les relations de parenté et d'alliance et les échanges cérémoniels ou économiques qui les accompagnent jouent partout un rôle prépondérant. Du point de vue religieux, les systèmes cosmologiques donnent naissance à des ancêtres[...]

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