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AUTISME ET TROUBLES DU SPECTRE DE L'AUTISME

L’autisme et les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont des troubles neurodéveloppementaux, dont les symptômes se manifestent principalement par des dysfonctionnements dans les interactions sociales, la communication et les comportements. L’emploi du mot « spectre » rend compte de leur hétérogénéité clinique ainsi que de leur évolution possible au sein de cet ensemble.

Les conceptions théoriques de l’autisme ont connu nombre d’évolutions depuis ses premières descriptions cliniques. Si aucune d’entre elles ne peut répondre à toutes les questions que se posent les familles au sujet de leur enfant ou de leur adolescent avec autisme, ou tout adulte qui s’interroge, les connaissances scientifiques sur le sujet sont aujourd’hui source d’espoir pour un meilleur accompagnement vers une inclusion sociale réussie et la construction d’un parcours de vie pour lequel la liberté de choix de la personne constitue un élément fondamental.

Évolution du soin en psychiatrie de l’enfant et dans l’autisme

En France, les prémices du soin de l’enfant en psychiatrie datent de la seconde moitié du xixe siècle avec la promulgation de la loi de 1838 (dite loi sur les aliénés) par laquelle l’hôpital propose un hébergement pour les personnes les plus fragiles, dont les enfants présentant un déficit intellectuel. La prise en charge hospitalière se veut dès lors éducative et pédagogique, dans la lignée du médecin Jean Itard (1774-1838) qui prône le changement de condition des « idiots », terme consacré de l’époque pour évoquer les déficits des enfants. Pour sa part, Jean Itard, en recueillant l’enfant sauvage de l’Aveyron (rendu célèbre dans les années 1970 par le film de François Truffaut), a l’espoir que la stimulation et la modification de l’environnement vont améliorer la condition de cet enfant, baptisé Victor, qui présente des signes de trouble autistique. L’échec de cette « sublime tentative », selon les mots du pédagogue Édouard Seguin, marque le début des débats autour de l’éducabilité de ces enfants.

À la fin du xixe siècle, Sigmund Freud (1856-1939) introduit le concept d’inconscient psychique, susceptible d’être à l’origine du développement de certains symptômes et accordant un sens tant aux affects qu’aux comportements. Il met en avant l’importance de l’environnement dans la genèse de nombreux troubles du registre affectif, l’éducation devenant un facteur considéré comme source de névroses. Toutefois, les résultats des travaux freudiens, qui reposent alors sur l’étude de cas uniques et le concept de transfert, ne peuvent être évalués objectivement. En parallèle, Alfred Binet (1857-1911) promeut le développement de la mesure des compétences intellectuelles chez les enfants en créant des tests destinés à quantifier leurs aptitudes cognitives. Au cours de la seconde moitié du xxe siècle, Julian de Ajuriaguerra (1911-1993) développera la bio-psychopathologie et l’étude des troubles psychomoteurs, la continuité théorique de ses travaux étant assurée par Jean Bergès (1928-2004).

Au cours du xxe siècle, les approches psychodynamiques, toujours fortement influencées par la psychanalyse – avec leurs intérêts, mais aussi leurs limites –, vont s’imposer en France dans le champ de la prise en charge du trouble autistique, se donnant pour objectif de relancer un processus de développement entravé. Les hypothèses et les théories sur le neurodéveloppement vont se multiplier, se croiser, et leur foisonnement va permettre une meilleure compréhension des interactions parents-enfants : caractère symbiotique de la relation, connaissance du développement précoce et des stades du jeu, impact des carences relationnelles sévères sur le développement, concept de moi corporel...

À partir des années 1980, l’histoire des interventions en santé mentale entre dans une nouvelle ère,[...]

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Écrit par

  • : chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent au centre hospitalier Sainte Anne, Paris

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