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AUTISME ET TROUBLES DU SPECTRE DE L'AUTISME

Signes cliniques de l’autisme et nosographie

C’est le psychiatre Suisse Eugen Bleuler (1857-1939) qui utilise pour la première fois le terme d’autisme dans sa description de la schizophrénie en 1912 pour évoquer le repli sur soi manifesté par les personnes avec schizophrénie. Puis, aux États-Unis, en 1943, le pédopsychiatre Leo Kanner (1894-1981) individualise la description clinique d’un tableau qu’il appelle « autisme infantile précoce », suivi dès 1944 par le psychiatre autrichien Hans Asperger (1906-1980), qui décrit la « psychopathie autistique ». La Seconde Guerre mondiale fait passer sous silence les travaux d’Asperger, qui sont remis en lumière en 1981 par la Britannique Lorna Wing (1928-2014). Celle-ci décrit des enfants passifs ou repliés sur eux, ou bien encore actifs mais « bizarres ». Elle introduit dès lors le concept d’hétérogénéité clinique de l’autisme et l’existence probable d’un continuum entre la description de Leo Kanner et celle de Hans Asperger soit la première description d’un « spectre de l’autisme ».

Dans les systèmes de classification diagnostique, le terme autisme apparaît en 1952 dans la première édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM, ou Manuel diagnostique et statistique destroubles mentaux) au sein de la catégorie des psychoses. Puis les descriptions cliniques de Leo Kanner alimentent les versions suivantes du DSM jusqu’à ce que l’autisme apparaisse dans le DSM-III (version révisée, 1987) sous la catégorie des troubles envahissants du développement (TED). Les modèles de signes cliniques se simplifient au cours du temps et, à partir de 2013, seuls deux décrivent de façon catégorielle le trouble du spectre de l’autisme au sein du DSM-5. Le premier modèle concerne l’altération qualitative des interactions sociales et de la communication, et le second concerne le caractère restreint, répétitif et stéréotypé des intérêts et des activités.

L’autisme apparaît dans la neuvième version de la Classification internationale des maladies (CIM-9) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 1977, dans la catégorie des « psychoses spécifiques de l’enfance ». Par la suite, les cliniciens vont considérer que les personnes avec autisme n’ont pas de rapport altéré à la réalité et retirer ce trouble de cette catégorie dans la CIM-10 (1993), pour l’intégrer dans celle des « troubles envahissants du développement », qui comprend également l’autisme atypique, le syndrome de Rett, les autres troubles désintégratifs de l’enfance, l’hyperactivité associée à un retard mental et à des mouvements stéréotypés, le syndrome d’Asperger, les autres troubles envahissants du développement et les TED sans précision. Dans la CIM-11 (2022), la description de l’autisme est proche de celle du DSM-5. Elle détermine les deux mêmes modèles de symptômes et fait la distinction entre autisme et handicap intellectuel.

En France, à partir de 1957, le psychanalyste et pédopsychiatre Roger Misès (1924-2012) a développé la Classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (CFTMEA) sur la base de concepts psychopathologiques. À partir de 2012, les différentes révisions de cette classification proposent pour l’autisme des correspondances avec la CIM, que les recommandations de bonne pratique nationales et internationales prônent d’utiliser.

Au fil de ces descriptions cliniques, ce sont les signes d’isolement social, de besoin d’immuabilité, de comportements répétitifs, de particularités du langage (répétition de mots ou de phrases, tonalité vocale très haute ou très basse, etc.), d’une trop grande familiarité ou d’une trop grande distance lors des interactions sociales (autisme de Kanner), de difficultés de communication et d’adaptation sociale, d’exploits intellectuels (autisme d’Asperger) qui sont observés. Plus précisément,[...]

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Écrit par

  • : chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent au centre hospitalier Sainte Anne, Paris

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