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AUTO SACRAMENTAL

Déclin. Mort. Survivances

Calderón, bien avant sa mort (1681), était devenu l'unique auteur d'autos joués pour le « Corpus » dans la capitale. Au temps de Charles II et pendant la première moitié du xviiie siècle, le théâtre espagnol, incapable de se renouveler, vit surtout de reprises et de « refontes » de pièces du Grand Siècle. Les autos caldéroniens sont repris ou pastichés faiblement jusqu'au moment (1765) où un acte d'autorité du despotisme éclairé met fin à ces dispendieuses représentations municipales. Les conseillers réformateurs de Charles III les jugent vides de tout message religieux accessible au peuple. La suppression des autos procède en partie du rigorisme religieux qui, au xvie siècle, en France, avait condamné les mystères, et qui, au xviiie siècle, faisait dire à Boileau :

De la foi d'un chrétien les mystères terribles D'ornements égayés ne sont pas susceptibles.

Et puis le puritanisme moral s'effarouche de ce que des rôles sacrés puissent être tenus par des actrices dont on connaît les adorateurs. Enfin l'esthétique baroque cède la place au néo-classicisme. Si le romantisme, en Allemagne d'abord, remet bientôt Calderón en honneur, c'est la comedia, goûtée pour son « réalisme » qui en a eu longtemps tout le bénéfice. Quand un volume entier d'Autos sacramentales fut édité par E. González Pedroso dans la grande Biblioteca de autores españoles (t. LVIII, Madrid, 1865), ce fut un effort d'histoire littéraire pour expliquer les origines et la floraison d'un genre disparu.

Il a fallu, au xxe siècle, la réhabilitation du baroque, le dépassement du réalisme, la volonté de susciter un art catholique sans fadeur, pour que l'auto sacramental affrontât quelques auditoires modernes. L'Autrichien Hugo von Hofmannsthal ouvrit cette voie quand, après avoir ressuscité Jedermann, il monta son Grand Théâtre du monde devant la cathédrale de Salzbourg (1921). En octobre 1932, F. García Lorca, fondateur de la Barraca, présente à l'université de Madrid le grand auto de La vida es sueño. Á la même époque, Miguel Hernández, le poète populaire qui devait mourir prématurément en prison (1941), écrivait un auto sacramental d'inspiration à la fois religieuse et naturaliste.

— Marcel BATAILLON

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, membre de l'Institut, administrateur honoraire du Collège de France

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Pedro Calderón de la Barca - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Pedro Calderón de la Barca

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