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AUTOFINANCEMENT

La mesure de l'autofinancement

L'autofinancement demeure le moyen de financement privilégié de la plupart des entreprises, mais il est très difficile de le mesurer de manière précise. En effet, la plupart des statistiques retiennent des indicateurs qui ne mesurent qu'indirectement l'autofinancement, via le taux de distribution des dividendes. On distingue bien entre le financement par capitaux propres et le financement par dettes mais, le plus souvent, sans différencier, au sein du premier, le financement par capitaux propres externes (l'augmentation de capital) et le financement interne (l'autofinancement).

L’autofinancement dépend du taux de distribution des dividendes, lui-même fortement influencé par la fiscalité. Un taux d'imposition plus faible sur les bénéfices des sociétés que sur les revenus des actionnaires encourage la mise en réserves. Cela a fortement contribué au désendettement des entreprises françaises, de la fin des années 1970 jusqu'à la fin des années 1990. La tendance s'est ensuite inversée en raison de la baisse des taux d'intérêt.

En France, selon l'I.N.S.E.E., l'autofinancement a toujours été supérieur aux ressources externes (endettement et appel aux actionnaires), sauf pendant de très courtes périodes, durant les décennies de 1980 et de 1990. Il en va de même dans la plupart des pays développés, y compris les pays anglo-saxons, sauf au Japon où, du fait des relations spéciales qu'entretiennent les entreprises avec les banques, le recours à l'endettement domine.

Deux événements ont contribué à accorder moins d’importance qu’auparavant à l’autofinancement : d’une part, l’essor des marchés de capitaux ; d’autre part, les conséquences des crises économiques et financières. Après une période de recours privilégié de toutes les entreprises à l’autofinancement, la situation est désormais très hétérogène.

Dans les grandes entreprises, on constate, devant le risque accru d’érosion des taux de marge – donc de la capacité d’autofinancement – et le maintien des dépenses d’investissements, une augmentation du financement sur les marchés financiers. Ce dernier est généralement préféré à l’emprunt bancaire. Le recours aux marchés financiers, notamment sous forme d’émission d’obligations, suppose le maintien d’une bonne image de marque, donc une politique de distribution des dividendes favorable aux investisseurs. L’augmentation de la distribution des dividendes contribue à la dégradation de la capacité d’autofinancement. Quant aux entreprises de taille intermédiaire (E.T.I.), certaines subissent également une baisse de rentabilité et recourent de plus en plus à l’endettement bancaire. Toutefois, l’autofinancement reste un moyen de financement privilégié pour la plupart d’entre elles. C’est le moyen utilisé par toutes les entreprises pour le financement des dépenses de recherche et développement.

Le rachat par l’entreprise de ses propres actions, également autorisé désormais pour les entreprises non cotées, ne favorise l’autofinancement que lorsque le nombre d’actions diminue, c'est-à-dire dans le cas où les titres rachetés sont annulés.

Comme l’importance de l’autofinancement dépend de facteurs conjoncturels et de facteurs institutionnels (fiscalité, organisation des marchés financiers...), on constate, d’une part, une diminution relative de l’autofinancement, et, d’autre part, des disparités de plus en plus marquées entre les pays, entre les secteurs et entre les catégories d’entreprises.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-Est et à l'E.S.C.P. Europe

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