- 1. L'automate dans l'Antiquité grecque et byzantine
- 2. L'héritage byzantin et arabe en Occident
- 3. Les « automations » de la Renaissance
- 4. Vaucanson et le biomécanisme. Les successeurs
- 5. Le robot, la cybernétique et les calculateurs
- 6. La liaison science-technique et l'automatisme
- 7. L'automatisme et les mythes littéraires
- 8. L'automatisme ambulatoire
- 9. Bibliographie
AUTOMATE
Un automate (du grec ἀυτοματ́ον) est une machine imitant les mouvements, les fonctions ou les actes d'un corps animé.
Des origines jusqu'à nos jours, la création des figures animées, d'une complexité de plus en plus grande à mesure que se développent les sciences et les techniques, paraît avoir été – que le but en fût magique, religieux, scientifique ou récréatif – un des besoins élémentaires de l'humanité.
Dès l'origine, l'homme semble avoir cherché à reproduire l'apparence et le mouvement des êtres de son milieu vital. Animer le monde qui l'entoure pour s'en rendre maître va être une des premières recherches d'une humanité qui attribuait aux images et à la parole une force magique. Dans l'univers du primitif où tout a une âme et où l'outil ne peut s'animer et agir qu'avec la permission d'une puissance surnaturelle, l'action devient une participation à la vie cosmique par un jeu de symboles et de signes : le masque, animé ou non, sera pour le sorcier l'expression même d'une nouvelle personnalité qu'il endosse. « L'être humain, semblable parodiquement au dieu de la Genèse, n'a-t-il pas créé l'automate à son image... Pour se reconnaître en lui ! »
Dans toutes les pratiques cérémonielles et magiques : initiations, rites funéraires, danses totémiques, le masque articulé a sa place. On le retrouve aussi bien en Afrique (masque de danse Onéré au musée de l'Homme) qu'en Asie (tête de crocodile articulée, provenant de Ceylan, conservée au musée de Bâle). L'on connaît aussi un masque articulé de l'Anubis égyptien, au corps d'homme et à la tête de chacal : sa mâchoire, mue par des fils cachés, paraissait prononcer les ordres que dictaient les prêtres. L'automate était ici l'auxiliaire du merveilleux. Hérodote, Lucien, Diodore de Sicile font état de statues animées dont les oracles étaient prononcés selon les injonctions de la caste sacerdotale. D'Égypte également nous viennent des statuettes articulées, Boulanger pétrissant sa pâte au Louvre, Paysan au travail, à New York. Les âmes des morts, dans leurs pérégrinations, peuvent habiter ces figurines qui reproduisent les mouvements quotidiens. Ces premiers automates ne mettaient en action que des mécanismes élémentaires : leviers, poulies, treuils, vis, coins, tuyaux, en œuvre dans les machineries monumentales de l'époque. Il appartiendra aux Grecs et aux Alexandrins, héritiers des Milésiens et des thaumaturges d'Orient, de les compliquer de diverses inventions : ressorts, cames et dispositifs hydrauliques simples.
L'automate dans l'Antiquité grecque et byzantine
Aux temps archaïques dont parle Homère, quand le souvenir des « accointances magiques » n'était pas totalement effacé, la pensée technique venue d'Orient avait, semble-t-il, connu un certain essor. Homère parle d'instruments animés et d'ouvrages vivants ; mais c'est chez lui davantage une ironique révérence envers des mythes déjà édulcorés que l'expression véritable de la pensée technique contemporaine.
Cependant des constructeurs d'automates engageaient leur réputation dans la production des thaumata les plus propres à frapper d'étonnement.
L' intense vie technique que paraît avoir ainsi connue surtout la Grèce d'Asie jusqu'au viie siècle aurait pu laisser prévoir de riches développements, mais le blocage en Grèce continentale de la pensée technique par les valeurs et formes de la vie sociale bloqua du même coup l'art des thaumaturges au niveau de l'organon.
Seuls un esprit nouveau et une neuve maîtrise des forces motrices pouvaient en effet permettre aux mécaniciens de développer le comportement des automates et de doter ces mécaniques d'un peu d'autonomie.[...]
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Écrit par
- Jean-Claude BEAUNE : professeur à l'université de Dijon
- André DOYON : ingénieur
- Lucien LIAIGRE : ingénieur
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Médias
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