- 1. L'automate dans l'Antiquité grecque et byzantine
- 2. L'héritage byzantin et arabe en Occident
- 3. Les « automations » de la Renaissance
- 4. Vaucanson et le biomécanisme. Les successeurs
- 5. Le robot, la cybernétique et les calculateurs
- 6. La liaison science-technique et l'automatisme
- 7. L'automatisme et les mythes littéraires
- 8. L'automatisme ambulatoire
- 9. Bibliographie
AUTOMATE
Les « automations » de la Renaissance
La curiosité de la Renaissance tire parti du nouvel essor des techniques (vulgarisation du système bielle-manivelle, miniaturisation des mécanismes d'horlogerie). Si Léonard de Vinci (1452-1519), dans ses dessins anatomiques, décompose les mouvements des membres dans un jeu de fils associés à des leviers osseux, Rabelais (1494-1563), à qui l'on doit sans doute le mot automate, assimile le corps à un groupement de leviers, de poulies, de cordons et de filtres. Le grand anatomiste Vésale décrit la « fabrique » du corps humain comme « un agencement mécanique effectuant les travaux pour lesquels il a été construit et dont les parties ne méritent pas d'intérêt si on les sépare de l'ensemble ». C'est l'époque où la passion pour les automates redouble : Vinci construit un lion animé qui se présente au-devant de Louis XII lors de son entrée à Milan (1499), s'arrête devant le roi et découvre les fleurs de lys qu'il portait à la place du cœur.
La mode des jeux d'eau et des automates dans les jardins princiers se généralise. Montaigne visite, à Tivoli, les jardins du cardinal de Ferrare où « la musique des orgues... se fait par le moyen de l'eau... (qui), poussant une roue (avec) certaines dents... fait battre le clavier des orgues ». À remarquer cette mention d'un orgue actionné par un tambour hydraulique à picots, premier essai reconnu de programmation complexe. Plus loin, réminiscence d'Héron d'Alexandrie, des oiseaux chanteurs ; et « par autres ressorts on fait remuer un hibou qui fait soudain cesser cette harmonie ». La vogue des automates à jeux d'eau va passer en France avec Burgi, horloger de Cassel, Ramelli et surtout Thomas Francini (1572-1651), pendant que l'horlogerie fait, dans le même temps, d'immenses progrès avec Pierre de La Ramée et Jérôme Cardan. C'est ainsi que l'on pouvait voir, dans les grottes de Saint-Germain, « une femme assise devant un orgue qu'elle touchait avec ses doigts... joignant sa voix au son de son instrument (et) battant la mesure... de sa tête ». Dans une autre salle, Orphée jouait de sa lyre pendant que « des ours, des tigres, des loups paraissant vivants s'arrêtaient aux sons si harmonieux qu'ils entendaient ».
À la même époque, c'est à l'ingénieur français Salomon de Caus (1576-1625), au service de l'Électeur palatin, que nous devons la description des premières machines à programme, étape capitale dans l'histoire des techniques ; ces dispositifs permettaient la commande automatique par tambour d'un flux d'air et d'eau. Descartes, qui visite, en 1630, les jardins de nos rois, pense que le corps n'est qu'une machine où Dieu met tout exprès « les pièces requises pour qu'il marche, mange, respire et imite toutes nos fonctions ». Les nerfs seront comparés aux tuyaux d'une machine, les muscles « aux divers engins qui servent à (la) mouvoir », la respiration et les autres fonctions « aux mouvements d'une horloge ou d'un moulin »... Une théorie cohérente réduit donc les éléments du corps de l'homme et des animaux aux pièces d'une machine qu'il va falloir reconstruire. Descartes dessinera « une perdrix artificielle » qu'un épagneul fait lever, et imaginera une femme automate, Francine, qui ne sera jamais construite.
Le Créateur devient aux yeux du père Mersenne un dieu mécanicien. Cet ami de Descartes avoue qu'il donnerait tous les trésors du monde « pour acheter les ressorts » d'un moucheron et s'applique à imaginer un « modèle » pour expliquer la phonation. Le père Athanase Kircher (1601-1680), inventeur d'une machine à écrire, ira plus loin et réalisera une tête automate qui profère des sons. À la même époque, Hans Slotthein et Achille Langenbuscher, horlogers d'Augsbourg,[...]
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Écrit par
- Jean-Claude BEAUNE : professeur à l'université de Dijon
- André DOYON : ingénieur
- Lucien LIAIGRE : ingénieur
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Médias
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