- 1. L'automate dans l'Antiquité grecque et byzantine
- 2. L'héritage byzantin et arabe en Occident
- 3. Les « automations » de la Renaissance
- 4. Vaucanson et le biomécanisme. Les successeurs
- 5. Le robot, la cybernétique et les calculateurs
- 6. La liaison science-technique et l'automatisme
- 7. L'automatisme et les mythes littéraires
- 8. L'automatisme ambulatoire
- 9. Bibliographie
AUTOMATE
Vaucanson et le biomécanisme. Les successeurs
C'est le Dauphinois Jacques Vaucanson, né à Grenoble en 1709 dans une famille de gantiers venue de Toulouse, qui allait être le véritable héritier des mécanistes du xviie siècle et le réalisateur de leurs rêves. Après des études d'anatomie et de mécanique, il entrevit, dès 1732, conseillé sans doute par le chirurgien de l'hôtel-Dieu de Rouen, J.-B. Le Cat (1700-1768), la possibilité de construire des anatomies mouvantes reproduisant les principales fonctions de la vie, respiration, digestion, circulation. Contraint d'abandonner ce grand projet, Vaucanson va construire, durant les années suivantes, des automates qui, pour la première fois, réaliseront non pas une « simulation d'effets recherchée à des fins de jeu ou de mystification » mais une « reproduction de moyens en vue d'obtenir l'intelligence expérimentale d'un mécanisme biologique ». Le joueur de flûte (1738), androïde assis de 1,50 m posé sur un socle de même dimension, exécutait rigoureusement les mêmes opérations qu'un joueur de flûte vivant. L'air actionnant l'instrument sortait de la bouche de l'automate, les lèvres le modulaient, les doigts, en bouchant ou en dégageant les trous de l'instrument, produisaient effectivement les sons, en un mot « le mécanisme employé imitait à la fois les effets et les moyens de la nature avec exactitude et perfection ». Le flûteur jouait douze airs, lents ou rapides, avec justesse et précision, parmi lesquels Le Rossignol de Blavet. Fils et chaînes d'acier, partant du piédestal où se trouvait le moteur, un tambour à poids, montaient dans l'avant-bras, se pliaient au coude, parvenaient jusqu'au poignet et formaient le mouvement des doigts, de la même manière que dans l'homme vivant. Un arbre à cames agissait sur six soufflets pour obtenir les flux d'air nécessaires aux différentes notes et un mécanisme à quatre effets imitait le jeu combiné des mâchoires et des lèvres.
Présenté à l'hôtel de Longueville, le flûteur eut un immense succès, contrarié par les discussions de Vaucanson avec un de ses bailleurs de fonds, Jean Marguin. Un an plus tard (1739), Vaucanson exhibe deux autres automates, un Joueur de tambourin et de flageolet et un Canard digérateur, sans doute construits dès 1734 pour le compte d'un autre commanditaire, l'abbé Colvée. Le canard, recouvert de cuivre doré évidé, battait des ailes, mangeait du grain et le rendait digéré. Si le mouvement des ailes était un chef-d'œuvre de simulation anatomique, la digestion n'était qu'une habile supercherie grâce à laquelle Vaucanson semblait prendre parti pour une théorie iatrochimique.
L'idée d'un homme artificiel ne fut pas abandonnée par Vaucanson, puisqu'en 1741 il présente, à l'Académie de Lyon, le projet d'une « figure automate qui imitera dans ses mouvements les opérations animales... et pourra servir à faire des démonstrations dans un cours d'anatomie ». Le chirurgien Le Cat décrit, en 1744, à l'Académie de Rouen « un homme artificiel ou automate où il espère faire voir toutes les opérations de l'homme vivant ». Plus tard, Vaucanson construira, avec l'appui de Louis XV, un automate à circulation du sang pour lequel il fera préparer au chimiste Macquer des tubes de caoutchouc, et un automate parleur, auquel s'intéressera le ministre Bertin.
Vaucanson, inventeur par ailleurs du premier métier automatique (1746) et du premier système de régulation d'une machine en mouvement (1750), sera difficilement dépassé dans l'art de faire des automates. Il aura un grand nombre d'imitateurs, Steiner et son Joueur de trompette (1748), Defrance et ses bergers (1766), et, plus tard (1838), Jean Rechteiner, qui construisit deux canards, souvent confondus[...]
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Écrit par
- Jean-Claude BEAUNE : professeur à l'université de Dijon
- André DOYON : ingénieur
- Lucien LIAIGRE : ingénieur
Classification
Médias
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