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AUTOMATE

Le robot, la cybernétique et les calculateurs

À la place des « êtres de rêve » ou de leurs enfants dégénérés, c'est le robot hideux qui surgit avec ses lourdes machineries d'acier et ses gestes gauches. Comme le train qui s'entête, dès sa naissance, à singer la diligence, le robot, marqué des pouvoirs nouveaux de l'électricité, de l'asservissement mécanique et de l'électromagnétisme, s'entête à son tour à parodier tristement la nature humaine : l'Américain R. J. Wensley construit à Pittsburgh un automate de forme grossière, le « televox », capable de recevoir et d'exécuter, sur des ordres téléphonés, quelques mouvements ; un épouvantable robot est montré à l'exposition radiographique de Londres (1932) et Saboc IV (1938), du Suisse Huber, qui pèse 200 kg, marche, enregistre quelques ordres simples et les exécute par l'intermédiaire d'ondes courtes envoyées à faible distance.

Cependant, la pensée des ingénieurs et des mécaniciens se détache des simples simulations pour privilégier actions et fonctions. Une nouvelle génération d'automates va surgir : ce sera, à terme, la cybernétique, théorie de l'action et des automates. L'automate le plus célèbre de la génération électromécanique, antérieure à l'électronique, est le Joueur d'échecs de l'Espagnol Torres y Quevedo : la partie apparente de cet automate est un échiquier où les blancs (que joue la machine) ont le roi et une tour. L'homme joue avec le roi noir seulement ; quand il le déplace, le roi blanc et la tour se meuvent automatiquement pour réaliser l'échec en le plus petit nombre de coups. En fait, le roi noir, métallique, placé sur une case, établit un circuit et met en route une série de moteurs, d'engrenages différentiels et de vis entraînant un électro-aimant obligeant les pièces métalliques blanches à se déplacer suivant un plan prédéterminé. L'automate gagne toujours.

De 1940 à nos jours, l'invention de la calculatrice électronique à numération binaire, la possibilité de stocker indéfiniment les informations, la programmation par carte perforée, la commande à très grande distance par ondes ultra-courtes, la miniaturisation presque infinie des circuits ouvrent un champ pratiquement illimité à la construction d'automates. Mais l'ère des androïdes est révolue et remplacée par celle des grands ordinateurs qui permettent la gestion des entreprises, la conduite des opérations de guerre, la prévision du temps, le guidage des engins spatiaux, des missiles, etc. Parallèlement, le stockage des informations, l'établissement de programmes et de modèles permettront la fabrication en grande série d'objets très complexes sans intervention humaine, à l'aide de machines transferts. Mais il ne s'agit plus ici à proprement parler d'automate mais d'automatisation, sinon d'automation.

Cependant quelques ingénieurs, pour figurer et vulgariser la méthodologie cybernétique, créent quelques automates dits justement cybernétiques. Les premiers en date seront les «  tortues » du neurologue anglais Grey Walter : Elsie et Elmer (electromecanical robot) sont de petits tricycles automoteurs équipés d'une cellule photo-électrique dont l'amplificateur agit sur un moteur de guidage. Quand la cellule est frappée par un rayon lumineux, la tortue se dirigera vers la source. S'il y a baisse de tension de l'accumulateur, la tortue se dirigera d'elle-même vers le dispositif de recharge. Mais ce qui rend cette machine cybernétique est une « sensibilité de contact » qui communique à la tortue une « impulsion de désorganisation », c'est-à-dire un système libre de rétroaction qui laisse une certaine indétermination aux « actes » de la tortue.

L'ingénieur français Ducrocq a construit[...]

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