- 1. L'automate dans l'Antiquité grecque et byzantine
- 2. L'héritage byzantin et arabe en Occident
- 3. Les « automations » de la Renaissance
- 4. Vaucanson et le biomécanisme. Les successeurs
- 5. Le robot, la cybernétique et les calculateurs
- 6. La liaison science-technique et l'automatisme
- 7. L'automatisme et les mythes littéraires
- 8. L'automatisme ambulatoire
- 9. Bibliographie
AUTOMATE
L'automatisme et les mythes littéraires
Toutes ces accointances remontant si loin n'ont pas été sans susciter chez les écrivains et les philosophes enchantement ou frayeur, suivant les époques et les hommes.
Les témoignages les plus lointains de la littérature en apportent les échos : Héphaïstos moulant dans la glaise un corps de vierge ; Vulcain créant des trépieds ambulants ; Aphrodite animant la statue de Pygmalion ; Athéna apprenant aux Rhodiens à fabriquer des statues mobiles ; Dédale donnant le regard et tant de mouvement à ses œuvres qu'on doit les enchaîner ! Au moment du grand réveil du Moyen Âge, les romans de la Table ronde et le cycle du Graal se font les échos des splendeurs de Byzance et des califats, chantent l'amour et le courage, mais rapportent aussi les exploits de chevaliers de bronze.
En 1584, quand l'Espagne voue, plus que d'autres, un véritable culte aux « sublimes jouets » et quand Juliano Turriano met la dernière main à une horloge extraordinaire où tous les mécanismes sont exposés, sous une cloche de cristal, Cervantès donne une Galatéa, mythe éternel et ambigu que ni la littérature ni les arts ne vont plus quitter. Siècle par excellence de l'automatisme, de la galanterie et de l'ambivalence, le xviiie siècle cisèlera à son tour le mythe avec un art consommé de la subtilité. Ce thème de la machine et de l'éternel féminin si poétiquement traité dans les Églogues de Virgile devient alors sous la plume de Deslandes (1741) une défense et illustration du panthéisme, tandis que, chez de grands écrivains du xixe siècle, la peur de l'automate ou ses insuffisances en feront une charge contre la machine : Hoffmann avec Coppélia, Villiers de l'Isle-Adam avec son Ève future (son androïde femelle illustre un doute philosophique dans une œuvre de science-fiction). Au-delà des « monstres dérisoires » des vieux mécaniciens, Hadaly, automate du savant Edison « aux phonographes d'or », à la chair faite d'« albumine solidifiée », se voit donner l'apparence physique et tout ce que ne possède pas la belle Alicia. Lord Ewald, trouvant en elle la noblesse d'âme et de sentiments unie à la beauté, devient éperdument amoureux de cette « fleur de science et de génie » et, en dépit de toutes les objections, l'enlève. Hadaly, comme la Francine de Descartes, sombrera dans l'Atlantique et son amant inconsolable « prendra le deuil de cette ombre ». Ainsi, comme le dit François Ribadeau-Dumas, « l'automate sort de l'humain parce que, justement, il nous en fait sortir ». Ignorant la douleur qui prévient l'homme du danger ou de l'erreur, il suscite chez les âmes craintives la peur d'être dévorées par lui et la hantise de le contrôler ou de le soumettre.
L'automate devient alors le robot comme dans le drame de Karel Capek (1920), à qui l'on doit le terme : un inventeur fabriquera en série des hommes-machines qui peu à peu remplaceront les hommes. Incapables de se reproduire, les robots ne « profiteront » pas de leur victoire. L'amour sauvera l'homme par la création d'un nouveau couple qui repeuplera le monde.
À l'heure où l'on peut faire poser sur Vénus une sonde téléguidée, la peur des robots semble aussi dérisoire que les inquiétudes des philosophes. Nous savons aujourd'hui que « sans l'homme le robot n'est rien » et que s'il exerce quelque domination, elle sera plus subtile que celle que les romanciers ont imaginée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude BEAUNE : professeur à l'université de Dijon
- André DOYON : ingénieur
- Lucien LIAIGRE : ingénieur
Classification
Médias
Autres références
-
AUTOMATIQUE
- Écrit par Hisham ABOU-KANDIL et Henri BOURLÈS
- 11 646 mots
...l'état x s'exprime en fonction des coordonnées xi à l'aide des opérations de base ∨ (« ou »), ∧ (« et ») et ¬ (« non »). Une décision, qui est le résultat d'un tel calcul, peut être prise par un automate se substituant à l'opérateur humain (cf. automatisation... -
AUTOMATISATION
- Écrit par Jean VAN DEN BROEK D'OBRENAN
- 11 882 mots
- 12 médias
Là où l'ordinateur, avec son langage évolué, l'importance de sa mémoire, la rapidité de son traitement, est trop coûteux, on lui préfère l'automate programmable. Ce dernier a la même architecture qu'un petit ordinateur ; mais, pour des raisons d'économie, une partie de sa mémoire ainsi que les... -
AUTO-ORGANISATION
- Écrit par Henri ATLAN
- 6 255 mots
- 1 média
On observe, dans des réseaux d'automates en partie aléatoires, des propriétés de classification et de reconnaissance de formes sur la base de critères auto-engendrés, non programmés. Il s'agit là de simulations d'auto-organisation fonctionnelle où ce qui émerge est non seulement une structure macroscopique... -
COGNITIVES SCIENCES
- Écrit par Daniel ANDLER
- 19 262 mots
- 4 médias
Il s'agit d'un ensemble d'automates très simples interconnectés. Les connexions permettent à un automate tel que i de transmettre à un automate j une simulation positive (excitatrice) ou négative (inhibitrice), déterminée par l'état d'activité ui de i et modulée par un poids synaptique... - Afficher les 17 références