AUTOMÉDICATION
Dans son sens strict, le terme automédication signifie utiliser des médicaments sans ordonnance. Dans ce cas, le malade fait lui-même le diagnostic de sa maladie et établit lui-même la prescription, choisissant son médicament et sa posologie. Mais l'automédication concerne aussi dans un sens plus large le fait, pour un patient, de modifier la prescription établie par le médecin soit dans la dose, soit dans la durée d'administration, soit encore en ajoutant ou en retirant un ou plusieurs médicaments au traitement codifié sur l'ordonnance.
Les risques de l'automédication sont essentiellement de trois ordres : traiter efficacement un ou des symptômes sans traiter la cause et laisser ainsi évoluer une maladie qui peut aboutir à des lésions irréversibles si elle n'est pas diagnostiquée à temps ; provoquer la survenue d'effets indésirables qui peuvent avoir des conséquences graves, mais qui, même bénins, aboutissent à créer une nouvelle pathologie ; créer ou entretenir des pharmacodépendances.
L'automédication est ainsi une imprudence, car il est admis qu'il n'existe pas de médicament à la fois véritablement actif et totalement inoffensif, et les dangers éventuels de toute substance utilisée dans un but thérapeutique doivent être connus de ceux qui pensent pouvoir en user de leur propre chef ou les diffuser dans leur entourage. Cela pose, entre autres, le problème des nombreuses plantes ou préparations empiriques ou industrielles à base de plantes ou des substances naturelles vendues dans les magasins comme parfaitement atoxiques parce que naturelles, et qui conduisent périodiquement à des accidents.
Nous donnerons quelques exemples, parmi les plus fréquemment constatés, où la méconnaissance et/ou le non respect des règles de prescription entraîne(nt) des conséquences fâcheuses. C'est le coronarien qui augmente la dose d'hypolipidémiant parce que son dernier contrôle de taux de cholestérol lui semble trop élevé et qui prend en même temps des anticoagulants dont l'effet, potentialisé par l'hypolipidémiant, aboutit à créer une hypocoagulabilité dangereuse. C'est le constipé qui tous les jours prend une dose trop importante de laxatif pendant trop longtemps, risquant l'apparition de la redoutable maladie des laxatifs, pathologie typiquement liée à une automédication. C'est encore la femme enceinte qui, pour soigner une migraine ou un trouble mineur, prend un médicament qu'elle a déjà utilisé sans incident avant sa grossesse et qui peut, suivant le stade de développement du fœtus, être à l'origine d'un effet toxique sur celui-ci. C'est aussi l'obèse qui prend des diurétiques pour maigrir et crée un état de déshydratation extracellulaire, voire d'insuffisance rénale fonctionnelle. C'est enfin l'asthmatique indiscipliné qui utilise de plus en plus fréquemment son aérosol, véritable pharmacodépendance qui aboutit à une inefficacité du médicament par un double mécanisme : développement d'une tolérance et état d'inexcitabilité des récepteurs bronchiques aux bronchodilatateurs déterminant des bronchospasmes capables de résister à la réanimation.
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Écrit par
- Edith ALBENGRES : responsable du centre de pharmacologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil
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