AUTOMOBILE Défis
L' automobile, menacée par son succès, est confrontée depuis la fin du xxe siècle à une série de redoutables et nouveaux défis. Il s'agit d'abord des contraintes environnementales, auxquelles le protocole de Kyōto (signé en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005) a sensibilisé la plupart des pays dotés d'économies développées, ensuite de la diminution des ressources en hydrocarbures accessibles à bas coûts, mais aussi des contraintes démographiques, des mutations de l'habitat et des exigences réglementaires et financières des pays industrialisés de la planète.
Il est donc urgent de prendre le problème à bras-le-corps d'autant que les mesures prises mettront des années, voire des décennies, à faire sentir leurs effets. L'amélioration de la frugalité des moteurs classiques est plus que compensée par l'augmentation du parc mondial, et les pouvoirs publics, s'ils voulaient prouver leur volonté de combattre rapidement l'effet de serre, seraient bien inspirés d'inciter à la mise au rebut des centaines de millions de voitures vieillissantes qui n'ont pas bénéficié des technologies modernes. À terme, cependant, d'ici à une vingtaine d'années, il faudra bien se tourner progressivement vers les motorisations électriques, puisque le pétrole, la forme d'énergie primaire la plus condensée et la plus transportable, sera hors de prix... En effet, c'est moins l'épuisement des ressources de pétrole qui menace le moteur thermique que le prix très élevé auquel il faudra le produire.
Cela suppose, compte tenu de l'avance prise par le moteur à explosion depuis plus d'un siècle, que les pouvoirs publics se résolvent à consentir les dépenses de recherche et, surtout, d'infrastructure nécessaires à un bouleversement des technologies d'aussi grande ampleur. Il faut en particulier savoir, pour mesurer le chemin à parcourir, que le kilogramme de moteur à explosion, pourtant très sophistiqué, revient moins cher que le kilogramme de moteur électrique pour automobile, pourtant beaucoup plus simple de conception... C'est dire l'effet de la production en grande série. L'intervention des pouvoirs publics sera nécessaire pour que les véhicules électriques sous leurs différentes formes (véhicules électriques simples avec plusieurs centaines de kilogrammes de batteries, ou bien hybrides, c'est-à-dire couplés avec un moteur thermique, ou encore équipés d'une pile à combustible...) puissent conquérir une part significative du marché de l'automobile, disons de 10 à 20 p. 100, particulièrement sur un certain nombre de niches de trafic (centres des grandes villes, îles, aéroports...), et arrivent, à partir de ce socle, à concurrencer véritablement les automobiles fonctionnant au carburant.
Des réglementations de plus en plus contraignantes en matière de sécurité (cf. transport), de recyclage des matériaux utilisés, d'émissions polluantes ou de nuisances sonores, ont imposé, par ailleurs, aux constructeurs d'automobiles, surtout en Europe, des innovations technologiques coûteuses qui, certes, protègent les marchés où elles s'appliquent contre les importations à bas coûts, mais renchérissent inexorablement le produit automobile. Si cette tendance devait s'accentuer dans les décennies à venir, la difficulté d'accéder à la propriété de cet incomparable instrument de liberté provoquerait certainement d'importants bouleversements des habitudes.
Les constructeurs d'automobiles ne sous-estiment pas, bien au contraire, la capacité des transports en commun à se moderniser et à mieux servir leurs usagers malgré le développement des banlieues et la dispersion de l'habitat qu'il engendre, particulièrement autour des grands centres urbains. Même si leurs automobiles sont par nature mieux placées pour répondre[...]
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Écrit par
- Daniel BALLERINI : ingénieur E.N.S.P.M. (École nationale supérieure du pétrole et des moteurs), ancien chef du département Biotechnologie et chimie de la biomasse à l'Institut français du pétrole, consultant
- François de CHARENTENAY : docteur ès sciences, consultant
- André DOUAUD : directeur technique, Comité des constructeurs français d'automobiles
- Francis GODARD : professeur des Universités
- Gérard MAEDER : ingénieur, École nationale supérieure d'électricité et de mécanique, docteur ès sciences, directeur honoraire de l'ingénierie des matériaux de Renault
- Jean-Jacques PAYAN : professeur honoraire d'Université, ex directeur de la recherche de Renault S.A.
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