- 1. Les origines : la vapeur et l'électricité
- 2. Le succès du moteur à explosion
- 3. De l'artisanat à la grande série
- 4. De la Première Guerre mondiale à la crise de 1929
- 5. Le libéralisme américain et les totalitarismes en Europe
- 6. La Seconde Guerre mondiale
- 7. L'Après-guerre en Europe de l'Est
- 8. La production de masse
- 9. Les chocs pétroliers
- 10. L'ère des Japonais
- 11. Bibliographie
AUTOMOBILE Histoire
Le libéralisme américain et les totalitarismes en Europe
Après la crise de 1929, l'industrie automobile américaine se reprend lentement, procédant à des concentrations et diminuant sensiblement ses coûts par appauvrissement des produits d'entrée de gamme. La rencontre de Harley Earl et Raymond Lœwy affirme la prépondérance de la forme sur le contenu mécanique. Toutefois, ce ne sont pas les deux pionniers du design industriel qui révolutionneront le style mais Chrysler en proposant, en 1934, la Chrysler Airflow. Cette voiture, aux formes complètement intégrées (en Europe, Lancia reprendra ce concept en 1936), présente un meilleur coefficient de pénétration dans l'air (Cx) et son mode de production permet de diminuer les coûts à l'emboutissage (moins de pièces) et au montage. Ces avantages se révèlent si déterminants qu'ils seront repris par toute l'industrie automobile.
Face au dynamisme américain, l'Europe reste frileuse en dépit des efforts de Peugeot, Panhard et Renault qui, malgré une production relativement faible, modernisent leurs outils industriels. Ces moyens sont, aux cadences près, d'une technologie équivalente à celle des Américains.
Citroën essaie d'innover en termes de produits avec la traction avant (lancée en 1934), entièrement en acier, pour laquelle il engagera d'énormes investissements dans son usine du quai de Javel. Les effets conjugués de la difficulté de la mise au point de la boîte de vitesses et, surtout, de l'impact de la crise sur une trésorerie engagée à contre-cycle le conduiront à la faillite. La firme est alors reprise en 1935 par la famille Michelin. L'ingénieur André Lefebvre y conçoit (premier prototype 1937) une voiture révolutionnaire par sa simplicité, la 2 CV, qui ne sera produite en série qu'en 1949, le second conflit mondial venant interrompre ce projet. Cette voiture, appelée couramment « deuche » ou « deux pattes », fabriquée jusqu'en 1990, marquera l'histoire de l'automobile.
Malgré le marasme des années 1930, des produits haut de gamme, influencés surtout par l'Art nouveau, sont lancés par Delage (D8), Voisin (C14), Hispano-Suiza (H6B), Bugatti (Royale) ou Delahaye (135).
Alors que la France se cherche entre perfection technique et voitures d'exception, la Grande-Bretagne, devenue premier producteur européen d'automobiles, parvient à lisser les effets de la crise. Sa production, qui avait atteint quelque 182 000 véhicules en 1929, ne baisse que de 15 p. 100 au début des années 1930, grâce à ses débouchés dans les pays du Commonwealth. En effet, la part des exportations britanniques d'automobiles vers ces pays passe de 18 p. 100 en 1931 à 50 p. 100 en 1935. Cependant, par sa dépendance vis-à-vis de concepteurs étrangers et de marchés protégés, la Grande-Bretagne prépare mal l'avenir alors que d'autres nations diminuent leur production mais conservent leur créativité.
L'Allemagne, quant à elle, est en plein bouleversement. À l'industrie classique des Maybach, Horch, Mercedes ou B.M.W. (Bayerische Motorenwerke A.G.), la république de Weimar puis Hitler opposent l'idée d'une voiture populaire. La république de Weimar confie l'étude de ce projet à la société N.S.U. (Neckarsulmer Strickmaschinen Union). C'est Ferdinand Porsche qui en aura alors la charge. Après les échecs de présentation de ce futur véhicule (1934), l'idée est reprise par Hitler en 1936. Dans cette perspective, il impose un plan d'épargne forcée de 5 mark par mois à chaque ménage allemand et crée, en 1937, la Gesellschaft zur Vorbereitung der Deutschen Volkswagen GmbH (société allemande de conception de la voiture du peuple) dont l'usine de Wolfsburg sera dédiée à la production en masse. La Coccinelle, surnom de la Volkswagen, qui signifie « voiture du peuple », ne sera réellement fabriquée qu'après la Seconde Guerre mondiale par Volkswagen[...]
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Écrit par
- Alfred MOUSTACCHI
: ancien directeur de Renault S.A., administrateur de société, membre du comité de rédaction de la
Société des ingénieurs de l'automobile
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