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AUTOMOBILE Histoire

La production de masse

Après la Seconde Guerre mondiale, le marché américain de l'automobile reprend et se stabilise au niveau record de 10 millions de véhicules par an dans les années 1950. Il est essentiellement approvisionné par trois grands constructeurs : General Motors (G.M.), Ford et Chrysler. Ceux-ci, pour éviter l'application de la loi antitrust, maintiennent sous perfusion, le quatrième constructeur, American Motors (regroupement des départements automobiles de Willys-Overland, Nash, Kaiser, Rambler, Hudson, Jeffery). L'innovation est permanente et s'appuie sur la présentation de concept cars agressifs, comme le projet Buick le Sabre (développé par G.M. dès 1950), concentré de techniques les plus avancées de l'époque et au design (Harley Earl) inspiré de l'avion F-86 Sabre (qui s'est distingué lors de la guerre de Corée) ou encore la Firebird (G.M., 1958), dérivé stylistique du Lightning P-38 (meilleur avion de chasse de la Seconde Guerre mondiale).

Face à la puissance de ces trois géants de l'automobile, seules deux tentatives de créations nouvelles ont lieu :

– Celle de Preston P. Tucker qui, ayant travaillé avant guerre sur la Cord 812, veut développer des produits évoquant les voitures de rêve des années 1930. L'innovation la plus originale et spectaculaire est la mise au point d'un phare avant central pivotant avec les roues sur la Tucker 48 (1948). Malgré un succès d'estime, le constructeur fut mis en faillite en 1950.

– Celle, plus tardive, de John De Lorean, ingénieur chez Pontiac, qui tente de promouvoir, dans les années 1960, une voiture en acier inoxydable, non peinte. Malgré cet avantage, la voiture, restée trop coûteuse, ne trouvera pas d'appui chez les grands constructeurs.

Ainsi, jusque dans les années 1960, les États-Unis font régulièrement la démonstration de leur puissance technique. Poursuivant leur stratégie de design agressif, de voitures trop grandes et trop lourdes, ils laisseront passer la formidable croissance européenne. Cette dernière sera appuyée par le design italien qui, rigoureux et inventif, s'impose au monde entier (cf. automobile - Conception).

En France, le gouvernement provisoire présidé par le général de Gaulle, cherchant à réaliser le programme du C.N.R. (Conseil national de la résistance), s'inspire de l'exemple britannique en vue d'instaurer l'« État-providence » (Welfare State). Dans cette optique, il lance, dès 1946, le plan Pons qui vise à concentrer et spécialiser l'industrie automobile. Renault se chargera du bas de gamme (4 CV), Peugeot de la gamme moyenne (203) et Citroën du haut de gamme (Traction avant 11 CV et 15 CV). Les autres constructeurs devront se rapprocher de l'un de ces trois constructeurs et sacrifier leur indépendance.

Dès 1950, cependant, les exigences du marché mettront fin à ce plan mal vu du patronat, et en particulier de Simca et Panhard. Les Français, dynamisés par la reconstruction, demandent des produits nouveaux, imposant aux constructeurs des gammes diversifiées.

Les constructeurs européens, forts de l'expérience des deux guerres et d'un habitat urbain historique difficile à remodeler, attacheront une attention toute particulière aux dimensions, au poids et à la consommation des véhicules.

La fin des années 1950 voit le succès, en France, d'une voiture inclassable, la fameuse DS 19 de Citroën (1955), sans doute l'automobile la plus sophistiquée et la plus révolutionnaire de l'après-guerre. Malheureusement, l'alchimie réussie entre un design original et une mécanique très en avance pour l'époque a stérilisé l'inventivité d'éventuels successeurs.

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Écrit par

  • : ancien directeur de Renault S.A., administrateur de société, membre du comité de rédaction de la Société des ingénieurs de l'automobile

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Médias

Les débuts de l'automobile - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les débuts de l'automobile

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Premier modèle de Daimler

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