- 1. Le peintre en saint Luc
- 2. Le regard du peintre : l'autoportrait « situé »
- 3. L'âme du peintre : l'autoportrait « au naturel »
- 4. Le peintre noble et savant : l'autoportrait « en majesté »
- 5. Le peintre au travail : le triomphe de la peinture
- 6. Portraits de groupe
- 7. Aberrations
- 8. Bibliographie
AUTOPORTRAIT, peinture
L'âme du peintre : l'autoportrait « au naturel »
Parce que détaché de tout support iconographique et souvent dénué d'accessoires « parlants », l'autoportrait au naturel est celui dont la signification est la plus difficile à appréhender. Depuis Jean Fouquet (émail, vers 1450, musée du Louvre) jusqu'à Kasimir Malévitch (1933, Musée russe, Saint-Pétersbourg), en passant par Filippino Lippi, Dürer, Federico Barocci, Tintoret, Rembrandt, Vouet, Chardin, Quentin de La Tour, David, Goya, Delacroix, Courbet, Cézanne, Van Gogh, Bonnard, Picasso, Miró et Mondrian, pour ne citer que les plus fameux, se dessine chez les peintres sinon une tradition au sens propre du terme, du moins une tendance à se représenter sous le jour le plus banal, faisant de leur personnalité physique et morale le sujet même du tableau. Les tenants de la psychanalyse allégueront, pour rendre compte d'une telle démarche, le narcissisme inquiet d'un Rembrandt dont les quelque cinquante-cinq autoportraits peints (sans compter les dessins et les gravures) constituent un fascinant « journal intime », la schizophrénie sournoise d'un Quentin de La Tour, voire la folie suicidaire de Van Gogh. Il ne faudrait surtout pas généraliser : en bien des cas, la démarche est plus paisible, ou simplement intéressée (la galerie d'autoportraits fondée par le cardinal Léopold de Médicis aux Offices dans la seconde moitié du xviie siècle ne contribua pas peu au succès du genre). De même, l'hypothèse du modèle le plus accessible – et le moins coûteux – n'est pas toujours à exclure, s'agissant, par exemple, d'artistes peu fortunés comme les Nazaréens allemands de Rome, pour qui l'autoportrait (à la mine de plomb) est aussi une manière de se référer aux grands devanciers, Dürer, Holbein ou Cranach.
Parfois, pour compléter ou modifier légèrement son « image », le peintre recourt à des accessoires sans lien direct avec la peinture : ainsi le luth, chez Jan Steen, David Teniers ou le Bolonais Mauro Gandolfi, l'équipement et les trophées de chasse chez Alexandre François Desportes, spécialiste de la nature morte, la pipe chez David Teniers encore, Adriaen Brouwer et, plus tard, Courbet. Dans ce cas, c'est un style de vie, axé sur les plaisirs terrestres, plutôt que la psychologie d'un individu qui ressort du tableau.
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Écrit par
- Robert FOHR : historien de l'art
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