AUTRICHE
Nom officiel | République d'Autriche (AT) |
Chef de l'État | Alexander Van der Bellen (depuis le 26 janvier 2017) |
Chef du gouvernement | Karl Nehammer (depuis le 6 décembre 2021) |
Capitale | Vienne |
Langue officielle | Allemand |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 295 000 (2024) |
Superficie |
83 884 km²
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De la Marche à la République
Il n'a jamais existé, avant l'époque contemporaine, de nation autrichienne. Il y eut une succession d'États plus ou moins puissants, plus ou moins étendus, qui ont revêtu les formes suivantes : d'abord Marche orientale de l' Empire germanique (actuelles Haute- et Basse-Autriche), l'Autriche s'identifie ensuite à l'État patrimonial des Habsbourg (xiiie-xve s.) qui devient, de 1526 à 1867, l'un des éléments composant la Monarchie autrichienne (État patrimonial, Bohême, Hongrie). Sous la pression des circonstances, cette Monarchie se transforme, en 1867, en un Empire austro-hongrois qui ne résista pas à la défaite des Empires centraux (1918) et qui donna naissance à divers États successeurs, dont la République autrichienne (comprenant les provinces de Haute-Autriche, de Basse-Autriche, Vienne, Burgenland, Styrie, Carinthie, Salzbourg, Tyrol et Vorarlberg).
La Marche orientale de l'Empire germanique (Xe-XIIIe s.)
Un des meilleurs historiens de l'Autriche, le bénédictin H. Hantsch, fait commencer l'histoire du pays à la création de la Marche orientale par l'empereur allemand Otton Ier, aussitôt après sa victoire décisive sur les Hongrois au Lechfeld, en Bavière (955). Otton Ier opte en effet pour la création d'une marche frontière et pour le maintien de l'État hongrois qui commence à s'organiser dans la plaine pannonienne. Cette décision capitale met fin au cycle des grandes invasions qui, depuis un demi-millénaire, avaient submergé le bassin danubien. L'Empire allemand serait désormais protégé par le bastion autrichien et par le glacis hongrois. Le système se révèle efficace contre les Mongols et les Turcs. Cette création politique a valeur de reconstruction : ces contrées de la Norique avaient connu une brillante civilisation à l'époque romaine (sans parler de la civilisation de Hallstatt en Haute-Autriche, au Néolithique). Le Danube constituait, en effet, au ier siècle après J.-C., la limite septentrionale de l'Empire romain, et la Basse-Autriche une marche frontière défendue contre les tribus germaniques par une série de forteresses, dont l'une d'elles, Vindobona, deviendra plus tard Vienne ; une autre, Carnuntum, offre aujourd'hui encore un magnifique champ de fouille aux archéologues. Les populations, d'origine celte et illyrienne, se romanisèrent volontiers, mais, avec l'effondrement de l'Empire romain, elles subirent les invasions germaniques d'abord, puis slaves et avares. Charlemagne écrasa les Avars et organisa une première Marche, favorisant les missionnaires et les colons bavarois, mais son œuvre fut à nouveau compromise par les incursions hongroises et fut reprise par Otton Ier au xe siècle.
Le commandement de la Marche, qui s'appelait en vieil allemand Österreich(d'où nous avons fait Austriche, puis Autriche), fut confié à un certain Liutpold, l'ancêtre de la lignée de ces Babenberg qui ont véritablement créé l'Autriche. Il s'installa à Melk, sur les bords du Danube, et son château fort (aujourd'hui remplacé par un couvent de bénédictins) surveillait l'entrée de la forêt viennoise et la trouée héroïque de la Wachau. Son rôle était essentiellement militaire, car il devait défendre le pays contre des voisins fort entreprenants, les Hongrois à l'est et les Tchèques au nord. Dès cette époque apparaît une constante de l'histoire autrichienne, déterminée par la situation géographique du pays : le problème des rapports de l'Autriche avec ses voisins slaves et hongrois.
Mais les Babenberg s'attachèrent aussi à la colonisation de ces contrées. Ils firent principalement appel à des nobles bavarois qui amenèrent des colons et donnèrent au pays un caractère nettement bavarois qui se retrouve dans le droit coutumier, la forme de l'habitat,[...]
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Écrit par
- Roger BAUER : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Munich
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Annie DELOBEZ : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Christophe GAUCHON : maître de conférences en géographie
- Félix KREISSLER : professeur émérite des Universités
- Paul PASTEUR : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Rouen
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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