AUTRICHE
Nom officiel | République d'Autriche (AT) |
Chef de l'État | Alexander Van der Bellen (depuis le 26 janvier 2017) |
Chef du gouvernement | Karl Nehammer (depuis le 6 décembre 2021) |
Capitale | Vienne |
Langue officielle | Allemand |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 295 000 (2024) |
Superficie |
83 884 km²
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D'une république à l'autre (1918-1945)
La Ière République, 1918-1934
Dans les quelques semaines qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale, les principaux peuples de l'empire des Habsbourg ayant créé des États successeurs sur des bases prétendument nationales, il ne restait plus aux Allemands d'Autriche qu'à se déterminer eux-mêmes. Les décisions prises par l'Assemblée nationale provisoire, le 30 octobre 1918, autorisent la constitution de ce nouvel État ; néanmoins, la « république d'Autriche allemande » n'est proclamée que le 12 novembre suivant. L'article 1 de la loi stipule que « l'Autriche allemande est une république démocratique », l'article 2 que « l'Autriche allemande est une partie de la République allemande ». La loi du 3 avril 1919 déchoit la maison de Habsbourg-Lorraine de tous ses droits et confisque ses biens au profit de la République. Ce nouvel État, dont personne ne voulait, ne remporte guère l'adhésion de ses élites : il est perçu alors comme « non viable ». Qu'ils soient sociaux-démocrates ou chrétiens-sociaux, les responsables du pays, dégagés des liens avec les anciennes parties de l'empire des Habsbourg, ne font pas mystère de leur engagement en faveur de l'Anschluss. Des mouvements pour le rattachement à l'Allemagne se mobilisent jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Hitler. Le traité de Saint-Germain-en-Laye du 10 septembre 1919 interdit tout rattachement à l'Allemagne, et même le simple nom d'« Autriche allemande » que les partis et les associations, dans leur immense majorité, continuent à employer jusqu'en 1934. L'Autriche doit alors céder le Tyrol du Sud à l'Italie, question qui empoisonnera jusqu'en 1992 les relations entre les deux pays, l'Autriche continuant à se considérer comme la puissance garantissant les droits des germanophones du Tyrol du Sud.
L'Assemblée nationale provisoire accorde, le 18 décembre 1918, le droit de vote aux femmes. Les élections pour l'Assemblée nationale constituante se déroulent le 19 février 1919 : les sociaux-démocrates obtiennent 40,76 % des suffrages, les chrétiens-sociaux, 35,93 %, les Grands-Allemands – partisans de l'intégration de l'Autriche dans une « Grande Allemagne », 18,36 %. Karl Seitz, social-démocrate, est élu président de l'Assemblée nationale constituante et assure la présidence de la République jusqu'à l'élection de Michael Hainisch, en décembre 1920, par l'Assemblée fédérale. Les résultats de ces premières élections incitent sociaux-démocrates et chrétiens-sociaux à former une coalition gouvernementale, sous la direction du chancelier social-démocrate Karl Renner.
En 1920, la république d'Autriche devient un État fédéral démocratique. La jeune république se dote d'une Constitution moderne, rédigée avec l'aide du juriste Hans Kelsen, essayant de concilier le principe fédéral et celui de centralisation ; elle est partiellement révisée en 1929. Le Conseil national, élu au suffrage universel direct pour quatre ans, et le Conseil fédéral, où sont représentées les provinces, sont les organes législatifs de la république. En janvier 1921, le Burgenland, formé des anciens territoires ayant appartenu au royaume de Hongrie et ayant opté par voie référendaire pour l'Autriche, devient la neuvième province fédérale.
Dans un contexte de désorganisation due à la fin de la guerre et au démembrement de l'empire, à un moment où se conjuguent famine, pressions de la rue et des conseils ouvriers, la coalition gouvernementale adopte une législation sociale fort avancée, grâce aux lois du ministre des Affaires sociales, Ferdinand Hanusch : journée de huit heures, semaines de 48 heures, 44 pour les femmes et les jeunes, création des comités d'entreprise,[...]
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Écrit par
- Roger BAUER : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Munich
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Annie DELOBEZ : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Christophe GAUCHON : maître de conférences en géographie
- Félix KREISSLER : professeur émérite des Universités
- Paul PASTEUR : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Rouen
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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