AUTRICHE
Nom officiel | République d'Autriche (AT) |
Chef de l'État | Alexander Van der Bellen (depuis le 26 janvier 2017) |
Chef du gouvernement | Karl Nehammer (depuis le 6 décembre 2021) |
Capitale | Vienne |
Langue officielle | Allemand |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 295 000 (2024) |
Superficie |
83 884 km²
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La IIe République d'Autriche : paix sociale, neutralité et rejet du passé
Le 27 avril 1945, le gouvernement provisoire dirigé par le social-démocrate Karl Renner – qui a été le premier chancelier de la Ire République – et composé des trois partis autrichiens qui se proclament antifascistes, à savoir le Parti social-démocrate alors socialiste (S.P.Ö.) le Parti communiste (K.P.Ö.) et le Parti du peuple autrichien (Ö.V.P., le parti conservateur chrétien), publie la Déclaration sur l'indépendance, qui stipule : « Article 1 – La république démocratique d'Autriche est rétablie et sera dirigée dans l'esprit de la Constitution de 1929. Article 2 – L'Anschluss imposé au peuple autrichien en 1938 est nul et non avenu. » La IIe République d'Autriche se veut un État indépendant et démocratique, convaincu de son identité nationale, cette fois autrichienne. Libérée du national-socialisme, l'Autriche n'en est pas pour autant libre. Jusqu'en 1955, le pays est divisé en quatre zones d'occupation. Les Français occupent le Tyrol et le Vorarlberg ; les Britanniques, la Styrie et la Carinthie ; les Américains une partie de la Haute-Autriche et la province de Salzbourg ; les Soviétiques tout l'est du pays. La capitale est, comme Berlin, divisée en différentes zones d'occupation et le premier arrondissement, centre historique de la ville, devient zone interalliée.
En novembre 1945, les premières élections sont remportées par l'Ö.V.P. (49,8 %). Un gouvernement de « concentration nationale » gouverne le pays jusqu'à la fin de l'année 1947. Prenant prétexte du plan Marshall et de la réforme monétaire, le K.P.Ö., comme tous les autres partis communistes occidentaux, se retire du gouvernement. Les conservateurs chrétiens et les sociaux-démocrates, qui se sont affrontés dans le passé, sous l'empire, sous la Ière République et sous la dictature corporatiste chrétienne, s'unissent sur des valeurs communes : rejet d'un libéralisme effréné, refus du modèle soviétique, soutien à une politique d'assistance et de prévoyance sociales. Rassemblant alors 90 % de l'électorat, ils construisent un système à leur image, empreint de corporatisme, laissant le pouvoir à une bureaucratie échappant en grande partie, en raison d'une pratique problématique de la délégation, au contrôle réel de la base. Les sociaux-démocrates et les conservateurs chrétiens se sont, du début des années 1950 aux années 2000, partagé les postes de responsabilité, politiques, administratifs et économiques, dans le cadre d'un dispositif, non reconnu officiellement mais effectif, le Proporz. Les gouvernements sociaux-démocrates au pouvoir de 1970 à 1983 n'ont pas modifié ce mode de fonctionnement, dans lequel l'appartenance partisane prime sur la compétence personnelle. La coalition entre le parti conservateur-chrétien et les nationaux-populistes, entre 2000 et 2006, a sensiblement modifié le système.
Fonctionnement des institutions et vie politique
Les fondements constitutionnels
L'État autrichien est rétabli par la Déclaration d'indépendance du 27 avril 1945, signée par les représentants des trois partis fondateurs de la IIe République. Une loi ultérieure (1er mars 1945) remet en vigueur la Constitution de 1920, amendée en 1929. Si le Conseil national peut modifier la Constitution (avec une majorité des deux tiers des députés), certains principes fondamentaux – ceux de la démocratie, de l'État fondé sur le droit et le principe fédéral – ne peuvent être modifiés que par voie de référendum.
Le régime autrichien est à la fois parlementaire et présidentiel : le président fédéral nomme le gouvernement et peut le renvoyer, son autorité provient de ce qu'il est élu au suffrage universel. Il a également le pouvoir[...]
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Écrit par
- Roger BAUER : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Munich
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Annie DELOBEZ : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Christophe GAUCHON : maître de conférences en géographie
- Félix KREISSLER : professeur émérite des Universités
- Paul PASTEUR : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Rouen
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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