AUTRICHE
Nom officiel | République d'Autriche (AT) |
Chef de l'État | Alexander Van der Bellen (depuis le 26 janvier 2017) |
Chef du gouvernement | Karl Nehammer (depuis le 6 décembre 2021) |
Capitale | Vienne |
Langue officielle | Allemand |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 295 000 (2024) |
Superficie |
83 884 km²
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La littérature autrichienne
Les structures politiques et sociales qui ont marqué d'une façon indélébile la littérature autrichienne se sont cristallisées à l'époque de la guerre de Trente Ans. Ces structures (absolutisme monarchique, prédominance d'une aristocratie cosmopolite, recatholicisation systématique) rendent compte de certaines constantes de la civilisation autrichienne, entre autres de la primauté des arts ostentatoires, c'est-à-dire, pour ce qui est des lettres, des genres parlés et en particulier du théâtre. L'importance, en Autriche, du drame musical, de l'oratorio et du lied s'explique ainsi. La permanence de schémas catholiques est également frappante : ordre providentiel reconnaissable dans l'univers, et jusque dans la hiérarchie politique et sociale, d'où dérive une morale foncièrement antisubjectiviste. Ce n'est que dans la seconde moitié du xixe siècle qu'une nouvelle conjoncture rend possible la naissance d'une littérature d'un type nouveau.
La littérature de l'âge baroque
Rares sont les « Autrichiens » qui, au xviie siècle, s'illustrent dans les lettres « allemandes », et pourtant cette époque voit l'apogée de l'école silésienne – en un pays sous suzeraineté habsbourgeoise, mais resté en grande partie protestant. Deux noms sont à citer : celui de Johann Beer (1655-1700), le plus grand des romanciers « baroques » allemands après Grimmelshausen (originaire de Haute-Autriche, il fit carrière dans le Nord protestant), et celui du moine augustin Abraham a Sancta Clara (de son nom véritable Ulrich Megerle, 1646-1709), originaire de l'Autriche « antérieure » alémanique, prédicateur de la cour mais qui sut également toucher le public populaire par sa verve extraordinaire.
Sous l'empereur Léopold Ier, l' opéra italien prend racine à Vienne, et pour longtemps. Mozart mettra encore en musique des textes italiens ; des poeticesareiitaliens, dont Métastase, fourniront à la cour, jusqu'au début du xixe siècle, des libretti et des poèmes de circonstance. De leur côté, les Jésuites organisent leurs ludicaesarei, à l'occasion desquels on représente devant l'empereur de somptueuses tragédies en latin.
À la fin du siècle, Joseph Anton Stranitzky (1676 env.-1725) commence à démarquer en allemand des livrets d'opéra et des drames héroïques ; il y insère des scènes grotesques, où il paraît lui-même sous le masque de Hanswurst pour ironiser sur les grands sentiments et les discours des personnages de haut rang. Grâce à Stranitzky et à la tradition du théâtre populaire dont il est le fondateur, certains schémas dramatiques baroques sont transmis aux générations futures.
La littérature du siècle joséphiste
Le renouveau de la littérature de langue allemande, vers le milieu du xviiie siècle, est intimement lié aux réformes destinées à moderniser l'État des Habsbourg. La politique de centralisation augmente le rôle et le prestige des fonctionnaires germanophones, c'est-à-dire de la classe qui, dans ce pays, tient lieu de bourgeoisie. Pendant plus d'un siècle encore, c'est cette classe qui fournit à la littérature son public, ses auteurs et son idéologie, dont l'aboutissement est une idolâtrie de l'État et du prince. Proches du pouvoir, ces fonctionnaires héritent des goûts de la haute noblesse, en particulier de sa prédilection pour le théâtre et la musique. En même temps, ils se mettent à l'école des auteurs du nord de l'Allemagne et harmonisent leurs enseignements avec les traditions locales.
En dehors du théâtre, cette littérature n'a le plus souvent qu'un intérêt anecdotique et documentaire. Restent cependant lisibles la Travestie de l'Énéide de l'ex-jésuite, franc-maçon et « jacobin » Alois Blumauer (1755-1798), le [...]
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Écrit par
- Roger BAUER : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Munich
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Annie DELOBEZ : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Christophe GAUCHON : maître de conférences en géographie
- Félix KREISSLER : professeur émérite des Universités
- Paul PASTEUR : professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Rouen
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias