AUVERGNE
Une Auvergne urbaine
L'Auvergne est une région urbanisée, à l'exception du Cantal entièrement centré sur le massif éponyme. Les poncifs sur la ruralité auvergnate sont donc à remiser au rang des idées reçues, même s'il reste à cette région une image, imméritée, de ringardise dont elle n'arrive pas à se départir. Pourtant, autour de l'aire urbaine de Clermont-Ferrand (en 2012, 469 900 hab. de Riom à Coudes) à laquelle se soudent l'aire d'Issoire (28 000 hab.) et l'aire de Thiers (19 400 hab.), métropole régionale incontestée, s'établit tout un réseau fort de villes moyennes : Aurillac, Le Puy-en-Velay, Moulins, Montluçon et Vichy. Celles-ci s'appuient sur un semis exemplaire de petites villes (de 2 000 à 20 000 hab.) pour structurer remarquablement la totalité de l'espace auvergnat selon un véritable modèle théorique, encore étoffé à la base par une extrême richesse en bourgs-centres. Industrialisé, bien doté en équipements tertiaires d'encadrement, ce réseau s'inscrit parfaitement dans la troisième couronne parisienne, plus que dans un ensemble lyonnais.
En effet, l'Auvergne n'est pas un désert, ni en montagne (20 hab./km2), ni en plaine (100 hab./km2). Elle a certes connu, après un maximum démographique à la fin du xixe siècle, un exode rural fort, faisant considérablement baisser dans les montagnes des densités qui étaient autrefois exceptionnelles, proches du surpeuplement. Pour vivre, depuis le xviiie siècle déjà, il fallait migrer à temps pour chercher du travail à la saison d'hiver, ni l'agriculture ni l'industrie traditionnelle ne pouvant absorber les surplus de main-d'œuvre. L'émigration définitive et massive a vu partir les plus « riches », les plus jeunes, les plus doués ; la population restante en a perdu l'espoir, sa fécondité a chuté, elle a vieilli... La légère reprise de fécondité, de 1946 à 1965, n'a rien changé au fond et les jeunes nés après guerre sont partis à leur tour. Mais le désert ne s'est pas installé pour autant. Les paysages anthropiques sont maintenus par les fermes restantes, qui ont pu se concentrer ; les villages reprennent vie grâce aux résidences secondaires (ou au tourisme) ainsi qu'aux politiques de rénovation publique ; les bourgs-centres, en dépit de fortes pertes de substance en commerces et en services, sont encore nombreux et les petites villes bien présentes. Quant aux plaines, elles se sont fortement peuplées grâce à la croissance de leurs villes, recevant une partie des montagnards, mais surtout grâce à la fécondité urbaine. Et aujourd'hui, la population urbaine évolue selon le rythme national.
Finalement, avec 1,35 million d'habitants en 2012, l'Auvergne forme une terre contrastée, groupée autour de sa capitale régionale (dans une zone qui abrite près de 50 p. 100 des Auvergnats avec Vichy incluse) et qui se sent plus parisienne que lyonnaise (sauf dans l'est de la Haute-Loire), le dispositif du relief favorisant ce rattachement. Elle est plus industrialisée que la moyenne nationale, avec une industrie variée (et un taux de chômage, inférieur à 9 p. 100 en 2015, sous la moyenne), des entreprises de toutes tailles, ouvertes sur le monde et souvent innovantes. Région touristique (également variée et complète), elle aspire à devenir un véritable carrefour national, voire européen. Son rapprochement avec Rhône-Alpes pourrait favoriser cette dynamique.
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Écrit par
- Christian JAMOT : professeur des Universités, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
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