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AVATAMSAKA-SŪTRA

Texte mahāyāna qui a connu une grande vogue en Chine. D'après la légende, l'Avatamsaka Sūtra (le Sūtra de l'Ornementation fleurie de Buddha, en chinois : Huayanjing) aurait été prononcé par le Buddha aussitôt après son Éveil, mais si profondes étaient ces paroles qu'aucun des auditeurs ne pouvait en comprendre le sens. Il semble que ce texte n'ait été l'objet d'aucun enseignement spécial ni qu'il ait été adopté par aucune école doctrinale en Inde. Il nous est connu surtout dans ses trois versions chinoises : l'une en soixante chapitres (traduite par Buddhabhadra, entre 418 et 420) ; une deuxième en quatre-vingts chapitres (traduite par Shikshananda entre 695 et 704) et la troisième en quarante chapitres (traduite par Prajnā entre 795 et 810). Seul l'original sanskrit du texte en quarante chapitres nous est parvenu.

En Chine, le succès du texte fut intimement lié, d'une part, au culte de Mañjuśrī sur la montagne Wutaishan, célèbre lieu de pèlerinage, d'autre part, au patronage de l'impératrice Wu Zetian (qui régna de 690 à 705). Cette redoutable usurpatrice ordonna la traduction du texte en quatre-vingts chapitres, dont elle rédigea elle-même la préface. Parmi ceux qui collaborèrent à cette tâche, il convient de citer Fazang (643-712), moine d'origine sogdienne, qui est connu comme troisième patriarche de l'école avatamsaka, mais fut en réalité son fondateur. Les exposés qu'il fit sur la doctrine devant l'impératrice, et parmi lesquels figure le célèbre Discours sur le Lion d'or, rendirent accessibles et populaires les enseignements difficiles de l'école.

La doctrine de l'Avatamsaka part du principe universel, Dharmadhatu, « Domaine du Principe » ou l'« Élément des éléments » (Takakusu), selon lequel tous les éléments (dharmas) de l'univers sont créés simultanément par l'univers (dharma) lui-même. Tous ces dharmas sont vides, mais cette vacuité a deux aspects : un aspect statique en tant que principe (le noumène, en chinois : li) et un aspect dynamique (le phénomène, en chinois : shi). À partir de là, l'école présente ses propositions de base : premièrement, li et shi sont parfaitement fusionnés l'un avec l'autre ; deuxièmement, tous les shi (phénomènes) sont identifiables les uns avec les autres. Dans le Discours sur le Lion d'or, l'or est le li et le lion est le shi. On trouve le li dans chacune des parties du lion, même en un seul de ses poils. Par le li, chaque partie en égale une autre. De plus, l'or et le lion existent simultanément et ils s'incluent mutuellement. Chaque phénomène est la manifestation d'un seul noumène immuable ; aussi tous les phénomènes sont-ils en parfaite harmonie les uns avec les autres, comme les différentes vagues dans la même pièce d'eau. Tout dans l'univers est donc la représentation d'un seul esprit suprême, celui du Buddha.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Autres références

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