AVENZOAR (1090 env.-1160)
Fils et petit-fils de médecins arabes d'Andalousie, Avenzoar étudia d'abord la théologie avant de se tourner vers la médecine, et son renom lui valut d'être nommé vizir du sultan ‘Abd al-Mu'min ; il résida alors dans le Maghreb. Puis il revint à Séville et son enseignement est connu non seulement par les éloges qu'en fit le plus célèbre de ses élèves, Averroès, mais par ses écrits dans lesquels il se différencie des médecins de son temps par une grande indépendance d'esprit et un sens clinique très aigu, fondé sur sa propre expérience et sur celle de son père. Il joignait à cet esprit critique des préjugés regrettables : il jugeait la chirurgie et la pharmacie indignes d'être exercées par un médecin. Pourtant l'expérimentation l'attirait, et il pratiqua sur une chèvre une trachéotomie pour en étudier les conséquences. Certains de ses ouvrages ont disparu (tels le Kitab al-Zīna, ou Traité sur l'embellissement et la Maqāla fī ‘ilal al-kulā, ou Traité des maladies des reins) ; d'autres furent célèbres très tôt, le Kitab al-Aghdhiya, ou Livre des aliments (qui est un traité de diététique), le Kitab al-Iqtiṣād fī iṣlāḥ al-anfus wa l-aḏjsād, ou Livre de la nécessité pour la confortation de l'âme et du corps, écrit vers 1122, dans lequel il déclare : « La médecine des corps est bien connue, mais celle des esprits est bien plus noble et plus importante », et surtout le Taysīr, ou Livre de la simplification ou facilitation concernant la thérapeutique et la diététique (Taysīr fī l-mudāwāt, communément appelé le Teysir), dans lequel il étudia, à la demande d'Averroès, chaque maladie et chaque organe au point de vue sémiologique, étiologique et thérapeutique. Le Teysir fut d'abord traduit en hébreu puis, de cette langue, en latin (où il eut de très nombreuses éditions, souvent sous des titres variés : Tajassir, Teicsir, Taysir) et commenté durant toute la fin du Moyen Âge et la Renaissance.
Avenzoar semble le premier à décrire les abcès du péricarde et les tumeurs du médiastin ; il conseillait, en cas de dysphagie, l'alimentation par sonde œsophagienne, par voie transcutanée ou rectale ; il a étudié les paralysies du larynx, les maladies du cerveau et du névraxe (la migraine, les tremblements, l'épilepsie, les convulsions, les comas, l'apoplexie), la sensibilité des os et des dents, les fractures, les tumeurs de la moelle, les hydrocéphalies, et indiqué comment traiter la phtisie, l'angine, l'aphonie. Enfin, il a montré que la gale est contagieuse et, le premier, il en a décrit le parasite.
Son immense érudition lui valut le surnom de « Sage célèbre ». Il mourut à Séville d'une tumeur qu'il tenta de guérir lui-même et dont il observa l'évolution avec courage.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
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