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AVESTA

L'avestique

L'avestique, dialecte oriental de l'iranien ancien, fournit un matériel linguistique important pour l'histoire de l'indo-iranien et de l'indo-européen.

Au stade de l'iranien ancien, deux dialectes seulement ont donné des textes : l'avestique et le vieux-perse. Des autres dialectes, comme le mède, le scythe et les ancêtres du parthe, du sogdien, du saka, de l'ossète et du paštō, les vestiges, quand ils existent, sont fort maigres (noms propres et toponymes). Le vieux-perse, connu par les inscriptions des rois achéménides, est situé géographiquement (à l'ouest de l'Iran) et historiquement (vie-ive s. av. J.-C.) de façon précise ; il est l'ancêtre direct du moyen-perse et du persan moderne. En revanche, la région où était parlé l'avestique au début du premier millénaire ne peut être déterminée avec certitude, même s'il faut vraisemblablement la chercher à l'est de l'Iran ; il est impossible de démontrer une parenté de l'avestique avec les autres dialectes iraniens orientaux, eux-mêmes non homogènes et connus plus récemment. L'avestique apparaît comme étant un dialecte oriental indépendant, qui se distingue plus par l'addition de ses particularités que par leur singularité. Le vieil avestique ou « gāthique » – langue des gāthās et de quelques autres prières – est l'idiolecte des derniers représentants (au moins 600 av. J.-C., et sans doute aux alentours de 1000 av. J.-C.) d'une tradition poétique remontant à la période indo-iranienne, tandis que les textes en lingua sacra de l'Avesta récent ont été composés à des dates différentes et ont subi des adaptations de la part de clercs de provenances diverses. L'utilisation linguistique de l'Avesta doit tenir compte des conditions de la transmission.

Les manuscrits, qui comportent tous des leçons fautives, sont écrits dans un alphabet spécial, destiné à rendre avec une précision nuancée les caractéristiques d'une prononciation ritualisée.

L'Avesta est passé par les étapes suivantes : 1. État phonétique oriental. 2. Prononciation savante traditionnelle au sud-ouest de l'Iran. 3. Notation, dans un alphabet adapté de la cursive pehlevi, du texte récité : archétype sassanide (ve-vie s.). 4. Transmission manuscrite, influencée par la prononciation post-sassanide (après la conquête arabe). 5. Copie des modèles de nos manuscrits (ixe-xe s.). 6. Prononciation de la vulgate et copie des manuscrits que nous possédons (le plus ancien date de 1288).

Tout ce développement a été accompagné d'une activité « savante », responsable de nombreuses altérations, alors que la langue avait cessé d'être vivante (sans doute à partir de 400 av. J.-C. environ).

Les vicissitudes de la transmission empêchent d'avoir un accès direct à la phonologie de la langue. Ici comme ailleurs, c'est le védique qui, avec sa masse de données bien attestées et étudiées, constitue le guide indispensable. On se limitera à quelques faits qui donneront une idée de l'originalité de l'avestique dans le groupe indo-iranien. Les quatre séries d'occlusives, avec corrélation de sonorité et d'aspiration, sont réduites en iranien ancien à deux séries d'occlusives – les sourdes simples (p, t, k), les sonores simples (b, d, g) – et à une série de fricatives sourdes (f, θ, x) ; la sifflante s s'est affaiblie en aspirée h, passée à l'avestique ηh entre deux a. Dans l'avestique récent apparaît une série de fricatives sonores (β, δ, γ),qui correspondent régulièrement aux occlusives sonores du gāthique et du vieux-perse, dans toutes les positions, sauf à l'initiale et après une nasale et une sifflante. Les autres évolutions essentielles sont résumées par les correspondances avestique [...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : docteur de troisième cycle, pensionnaire à la Bibliothèque nationale

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