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AVOCAT

Selon une enquête sur la qualité de la justice, réalisée en 2001 par le ministère français de la Justice, 83 p. 100 des personnes interrogées affirment que l'avocat est irremplaçable lorsqu'on a affaire à la justice. C'est un taux de satisfaction fort et pourtant l'image des avocats est souvent caricaturée. Les idées reçues à leur sujet foisonnent. La réalité de la profession est de fait mal connue.

Les avocats s'enracinent dans une tradition perpétuée au cours des siècles qui leur confère le privilège de porter la parole et de défendre autrui dans un procès. L'étymologie y concourt, la dénomination professionnelle venant en droite ligne de l'advocatus romain, du verbe advocare : appeler quelqu'un, comme conseil, devant un juge. Pourtant, la profession a connu en France, dans le cadre d'une évolution constatée dans tous les pays occidentaux, une véritable transformation dans les trente dernières années du xxe siècle. Elle concerne le statut de l'avocat, son champ d'activité, les structures et modalités d'exercice ou encore la démographie et les caractéristiques sociologiques et économiques de la profession.

Évolution de la profession

L'avocat ne peut être présenté indépendamment des ordres qui administrent les barreaux, c'est-à-dire les collèges d'avocats établis chacun dans le ressort d'un tribunal de grande instance, aujourd'hui au nombre de 181. Les barreaux tenaient jadis à la fois de la corporation et de la confrérie religieuse. C'est notamment l'origine du port de la « robe ». Bien que très tôt pratiquée par des laïcs, la profession a longtemps conservé cette dimension religieuse et les ordres ont toujours à leur tête un chef élu, le bâtonnier, qui portait autrefois le bâton de la bannière lors des processions solennelles.

Appelé « ordre des avocats » dès le Bas-Empire, le barreau, après une longue période d'effacement durant le haut Moyen Âge, est réorganisé en 1327 par une ordonnance de Philippe de Valois. Les avocats qui le composent doivent, depuis une ordonnance de Philippe III le Hardi du 12 octobre 1274, prêter serment avant d'exercer leur profession. Quant à l'exigence de la licence en droit pour l'exercice de la profession, elle remonte à François Ier. Les ordres affirment peu à peu leur autorité, en particulier sous le règne de Louis XIV.

L'Assemblée constituante, sous la Révolution, supprime l'ordre des avocats, dans le sillage de la loi Le Chapelier des 14 et 17 juin 1791 abolissant les corporations. Les avocats, pendant quelques années, cèdent la place, pour la plaidoirie, aux « défenseurs officieux ». Mais les ordres sont rétablis par le décret du 14 décembre 1810. L'ordonnance royale du 27 février 1822 vient conférer aux avocats le monopole de la plaidoirie, marquant ainsi, comme l'indique le bâtonnier André Damien, la naissance du barreau moderne. À partir de 1830 s'ouvre l'« âge d'or des avocats ». Il se poursuit tout au long du xixe siècle, notamment sous la IIIe République, parfois appelée « République des avocats » par référence au nombre considérable d'avocats devenus parlementaires ou ministres. Au xxe siècle, surtout après la Première Guerre mondiale, la professionnalisation croissante est jalonnée par quelques grands textes : le décret du 20 juin 1920 qui fait de l'inscription au tableau d'un barreau la condition, pour un licencié en droit, de pouvoir porter le titre d'avocat ; la loi du 28 juin 1941 qui crée le certificat d'aptitude à la profession d'avocat (C.A.P.A.) ; le décret du 10 avril 1954 qui autorise les avocats à s'associer et à manipuler des fonds ; la loi du 31 décembre 1957 qui les habilite à poursuivre en justice le recouvrement de leurs honoraires ; la loi du 31 décembre 1971 qui, notamment, fusionne les professions[...]

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Écrit par

  • : avocat honoraire, ancien bâtonnier du barreau de la Seine-Saint-Denis

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