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AVORTEMENT

Controverses et débats autour de l’avortement

Dans ses grandes lignes, le débat sur la libéralisation de l’avortement mobilise partout les mêmes arguments. Du côté des défenseurs du droit à l'avortement, on trouve la santé de la femme, mais aussi son autonomie, sa liberté de prendre les décisions essentielles concernant son corps et son avenir, ses « droits reproductifs », son égale participation à la vie de la société. Du côté des adversaires de la liberté d'avorter, on insiste sur deux points : sur la préservation du taux de natalité et, avant tout, sur la protection de la vie du fœtus, voire de l’embryon. Quant au choix du moment à partir duquel cette protection devrait s'exercer, les opinions sur le point de départ de la vie prénatale restent variables et incertaines : s’agit-il de la fécondation ? de la nidation ? de l’apparition des battements du cœur ? de la perception des premiers mouvements du fœtus (quickening) ? de sa viabilité ?…

Dans les controverses sur l'avortement, les arguments adverses sont souvent niés. Nombre d’opposants à l’avortement ne reconnaissent aucune autonomie à la femme. Ce fut le cas du député Jean Foyer qui déclarait, pendant le débat sur la loi Veil, que « la mission la plus naturelle et la plus indispensable de la femme […] est de donner la vie et non la mort ». De leur côté, certains défenseurs de la liberté d’avorter n'envisagent aucune protection de l’embryon. Cependant, la plupart du temps, la confrontation entre conceptions contradictoires est assumée. Ainsi, les défenseurs de l’avortement considèrent que le droit à la vie de l’enfant à naître, à supposer qu'il soit établi, ne saurait prévaloir sur l’autonomie et la liberté de la femme. Cette position est par exemple exprimée dans « l’opinion en partie dissidente » jointe par les juges Rozakis, Tulkens et autres à l’arrêt A, B et C c. Irlande de la Cour européenne des droits de l'homme (voir aussi le fameux article de Judith Thomson « Une défense de l'avortement »).

Reste qu’un point fondamental, souvent évoqué au cours des nombreux débats portant sur l’encadrement légal de l’IVG, est bien celui qu’évoque Simone Veil devant l’Assemblée nationale en 1974 : « La libéralisation [de l’avortement] a pour principal effet, à court et à moyen terme, d’entraîner un très large remplacement de l’avortement clandestin par l’avortement légal. » Bref, comme l’écrivit le journaliste André Fontaine, dans Le Monde, au moment de la discussion de la loi, si l’on considère qu’avorter c’est tuer, il faut bien reconnaître qu’« on tue déjà ». Il ne s’agit donc pas d’un choix portant sur l’existence ou non de cette pratique, mais bien d’une alternative entre intervention sauvage et procédure médicalisée.

— Thomas HOCHMANN

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Écrit par

  • : professeur de droit public, université Paris Nanterre
  • : professeur de science politique
  • : docteur ès sciences biologiques, ancien maître de recherche au C.N.R.S., journaliste scientifique
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972 - crédits : Michel Artault/ Apis/ Sygma/ Getty Images

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972

Simone Veil - crédits : Philippe Ledru/ AKG-images

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« Un enfant quand je veux si je veux », affiche du planning familial - crédits : Mouvement Français pour le Planning Familial

« Un enfant quand je veux si je veux », affiche du planning familial

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