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AVORTEMENT

Les méthodes médicales de l’IVG en France

Il existe deux types de méthodes complémentaires d’interruption médicale de la grossesse : les méthodes dites médicamenteuses, possibles jusqu’à neuf semaines après les dernières règles ; les méthodes dites chirurgicales (ou instrumentales), praticables jusqu’à seize semaines d’aménorrhée.

Méthode médicamenteuse

L’IVG médicamenteuse consiste en la prise de deux médicaments successivement : la mifépristone (RU 486, un stéroïde de synthèse antagoniste de la progestérone), qui interrompt la grossesse en provoquant le détachement de la muqueuse utérine) ; puis le misoprostol (un analogue de la prostaglandine PGE1, à prendre 36 ou 48 heures après), qui déclenche les contractions et provoque l’expulsion du contenu utérin. Cette méthode permet l’expulsion totale du fœtus dans environ 95 % des cas. Les effets secondaires principaux sont des saignements utérins et des troubles digestifs. L’intervention est réalisée, sans anesthésie, en cabinet ou en institution, voire à domicile dans certains pays comme aux États-Unis. Du fait de sa simplicité d’administration et de son caractère non invasif, la méthode est largement privilégiée. Outre les entretiens préalables d’information et de décision, elle requiert les deux consultations d’administration des médicaments et une consultation de contrôle quelques jours après l’expulsion du fœtus.

Méthodes instrumentales

L'aspiration à la seringue, dite méthode Karman – du nom du psychologue et militant américain qui l’a mise au point –, est pratiquée jusqu'à la sixième semaine d'aménorrhée, au moyen d'une sonde en plastique semi-rigide, de 4 à 8 millimètres de diamètre. Cette sonde est adaptée à une seringue transparente, permettant l'aspiration sous une dépression manuelle modérée. Après désinfection du col et du vagin, la sonde est introduite dans l'utérus, et on lui imprime un mouvement de rotation pour évacuer son contenu par aspiration. La dilatation du col étant minime, et l'opération à peu près indolore, elle peut être pratiquée sans anesthésie (avec administration d'un léger tranquillisant), ou sous anesthésie locale du col. L'opération dure entre cinq et quinze minutes. Après un bref repos, la patiente peut sortir et devra seulement surveiller sa température et ses pertes sanguines, qui ne doivent pas excéder celles des règles normales. Cette méthode constitua une véritable révolution lors de son introduction en 1971 et son surnom de « lunch-time abortion » traduit bien son confort, du moins par rapport aux autres méthodes. Les avantages sont sa simplicité, son innocuité, la rareté de ses complications. L'inconvénient est un certain taux d'échecs, dû à une évacuation incomplète (rétention placentaire), qui nécessite alors un curetage secondaire.

L'aspiration sous vide est pratiquée de la septième à la douzième semaine de grossesse. Les canules d'aspiration, un peu plus rigides que les sondes de Karman (de 8 à 12 mm de diamètre), sont reliées cette fois-ci par un tube à un bocal où est fait le vide grâce à un appareil d'aspiration. La dépression est plus forte et on doit vérifier le produit d'aspiration contenu dans le bocal. En général, on procède à une légère dilatation préliminaire du col, progressive et limitée. L'anesthésie peut être locorégionale comme dans la méthode de Karman, mais certains médecins préfèrent une anesthésie générale, légère et de courte durée (de 5 à 15 minutes). Une surveillance de quelques heures est indiquée. Les risques induits par les méthodes d'aspiration endo-utérine sont faibles, et les suites de l’intervention sont essentiellement les mêmes que lors d’une IVG médicamenteuse. Le taux de réussite est de l’ordre de 99 %.

Au-delà de la douzième[...]

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Écrit par

  • : professeur de droit public, université Paris Nanterre
  • : professeur de science politique
  • : docteur ès sciences biologiques, ancien maître de recherche au C.N.R.S., journaliste scientifique
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972 - crédits : Michel Artault/ Apis/ Sygma/ Getty Images

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972

Simone Veil - crédits : Philippe Ledru/ AKG-images

Simone Veil

« Un enfant quand je veux si je veux », affiche du planning familial - crédits : Mouvement Français pour le Planning Familial

« Un enfant quand je veux si je veux », affiche du planning familial

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