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SUTZKEVER AVROM (1913-2010)

Poète israélien d'expression yiddish, né le 15 juillet 1913 à Smorgon, en Biélorussie.

En 1915, la famille d'Avrom Sutzkever quitte la Biélorussie pour la Sibérie afin d'échapper à la Première Guerre mondiale. Elle rentre dans sa région natale en 1920 et s'installe près de Vilnius, où Avrom Sutzkever étudiera la critique littéraire à l'université. Vers 1927, celui-ci commence à écrire des poèmes en hébreu. Influencé par les intellectuels de l'institut scientifique juif (le futur Yivo), il rejoint Yung Vilne (« Jeune Vilnius »), un groupe d'écrivains en herbe d'expression yiddish. Poète célébrant la nature, la beauté et la langue, Sutzkever est en opposition tant sur le plan artistique qu'idéologique avec ce groupe, dont le travail révèle une orientation plus urbaine, plus à gauche.

Tôt dans sa carrière, il écrit dans le journal américain de poésie moderniste In zikh (« En soi » ou « Introspection »). Sa première collection publiée, Lider (1937, « Chansons »), reçoit les louanges de la critique qui en apprécie les images, la langue et la forme novatrices. Son recueil Valdiks (1940, « Sylvestre ») célèbre quant à lui la nature. Di festung (1945, « La Forteresse ») est l'écho de ses expériences comme membre du mouvement de résistance du ghetto en Biélorussie et du temps qu'il a passé avec les maquisards juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Sutzkever est aussi un personnage culturel important du ghetto de Vilnius où il organise et anime revues, expositions, conférences et lectures de poèmes. Il fait partie d'un groupe d'intellectuels juifs recrutés pour sélectionner des ouvrages juifs destinés à être envoyés à l'Institut zur Erforschung der Judenfrage (« institut de recherche sur la question juive »), fondé par l'idéologue nazi Alfred Rosenberg, le reste devant être vendu pour faire de la pâte à papier. Le groupe tente en réalité de sauvegarder le plus de documents possible. Pendant et juste après la guerre, Sutzkever contribue à sauver pour les Juifs tout ce qui peut l'être, d'abord contre les nazis, puis contre les Soviétiques. Ses efforts ne seront pas vains : des milliers de volumes et de documents ont survécu et ont finalement été récupérés dans les années 1990 par le Yivo.

En 1946, Sutzkever retourne en Pologne, puis vit brièvement en France et aux Pays-Bas. Cette même année, il est témoin au procès de Nuremberg et, en 1947, il s'installe en Palestine (plus tard Israël). De 1949 à 1995, il y assure la rédaction en chef d'un magazine littéraire en yiddish, Di goldene keyt (« La Chaîne d'or »).

Le volume de prose Fun Vilner geto (1946, « Du ghetto de Vilnius »), les recueils de poèmes Lider fun geto (1946, « Chansons du ghetto »), Geheymshtot (1948, « Ville secrète ») et Yidishe gas (1948, « La Rue juive »), ainsi que le volume de poèmes en prose Griner akvaryum (1975, « Aquarium vert ») s'inspirent tous de ses expériences pendant la Seconde Guerre mondiale. Sibir (1953, « Sibérie ») évoque les années de sa petite enfance. Parmi les autres recueils de poèmes de Sutzkever figurent In midber Sinai (1957, « Dans le Sinaï »), Di fidlroyz (1974, « La Rose violon ») et Fun alte un yunge ksav-yadn (1982, « Rire sous la forêt : poèmes d'anciens et de nouveaux manuscrits »). Certaines œuvres ont été traduites en anglais, notamment Burnt Pearls : Ghetto Poems (1981, « Perles brûlées : poèmes du ghetto), Selected Poetry and Prose (1991, « Œuvres choisies, en vers et en prose »), et Beneath the Trees (2003, « Sous les arbres »).

— Sheva ZUCKER

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : maître de conférences en littérature yiddish et juive à l'université Duke de Durham (Caroline du Nord), auteur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • YIDDISH

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    • 13 906 mots
    • 1 média
    Le groupe Yung Isroel (Jeune Israël) se réunit autour de la revue Di goldene Keyt (La Chaîne d'or), animé par Avrom Sutzkever, un des plus prestigieux poètes yiddish contemporains. Fixé en Israël depuis 1947, rescapé du ghetto de Vilno, il réussit à créer une synthèse poétique, chantant l'anéantissement...