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OXENSTIERNA AXEL GUSTAVSSON comte (1583-1654)

Descendant d'une des plus anciennes familles de Suède qui avait, dès le xiiie siècle, occupé les plus hautes fonctions tant civiles que religieuses, Axel Gustavsson Oxenstierna tient une place éminente dans la pléiade des grands hommes d'État qui menèrent les affaires de l'Europe durant la première moitié du xviie siècle. Son nom en effet reste indissolublement attaché, au même titre que celui de Gustave-Adolphe dont il a été le principal collaborateur et dont il a obstinément préservé les conquêtes, à la fulgurante ascension de ce petit pays au rang des grandes puissances. Principal artisan de l'empire baltique suédois dans la mesure où, de 1606 à sa mort, il n'est pas de négociation diplomatique où il ne soit intervenu, il fut aussi celui qui mena à bien la réforme administrative dont la Suède avait besoin pour devenir l'État moderne voulu par Gustave-Adolphe ; il fut encore celui qui, durant cette période où son pays fut presque constamment en guerre, organisa l'approvisionnement indispensable des armées suédoises. Il fut enfin, durant la minorité de la reine Christine, née en 1626, le véritable maître du pays, assurant la prépondérance de l'aristocratie qui fut la principale bénéficiaire de l'expansion et connut alors son âge d'or.

Il était devenu sénateur et était entré dans l'entourage royal sous le règne de Charles IX après avoir fait ses études dans les universités de Rostock, d'Iéna et de Wittenberg, ce qui devait lui donner une remarquable connaissance de l'Allemagne. Nommé au Conseil de régence, il devint chancelier en 1612 et vice-régent durant les premières campagnes de Gustave-Adolphe. De 1622 jusqu'à 1636, il demeura sur le continent, occupant des fonctions de plus en plus importantes et devenant, à la mort du souverain en 1632, un véritable proconsul dans les territoires allemands sous domination suédoise. Rentré dans son pays, il ne rencontra d'opposition réelle que lorsque la reine eut atteint sa majorité. Celle-ci voulait restreindre les pouvoirs que les nobles s'étaient arrogés, elle voulait aussi, contrairement au vieux chancelier, mettre fin le plus rapidement possible à une guerre qui pesait trop lourdement sur ses sujets. Sa personnalité déroutante et le problème déjà posé de sa succession achevèrent de tendre l'atmosphère rendue difficile par une série de mauvaises récoltes et par la réinsertion du pays dans la paix (Riksdag de 1650). Finalement, Oxenstierna dut se résoudre à l'abdication de la reine (1654) et à son remplacement par le neveu de Gustave-Adolphe, Charles, dont il avait commencé par combattre la venue en Suède, mais avec lequel il sut se réconcilier avant de mourir.

— Jean Maurice BIZIÈRE

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Écrit par

  • : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble

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    Aidé du chancelier Axel Oxenstierna, Gustave réorganisa les rouages gouvernementaux. Il avait dû d'abord reconnaître, par la charte de 1611, les privilèges de la noblesse, notamment la franchise d'impôt, pour obtenir le concours financier et militaire de celle-ci. De fait, malgré certaines entorses,...