KAHN AXEL (1944-2021)
Médecin généticien, philosophe, homme de dialogue et de communication, Axel Kahn, né le 5 septembre 1944, est connu du grand public pour l'avoir entraîné, avec enthousiasme, conviction et clarté, dans une réflexion éthique imposée par les considérables progrès techniques qui ont abouti aux grandes découvertes scientifiques de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle.
Dans son livre La Médecine du xxie siècle (1996), il rappelle sa propre vision du métier de chercheur : « L'œuvre du scientifique doit son authenticité à la créativité [...] Être chercheur, c'est s'engager dans une démarche de remise en question permanente [...] La situation du chercheur ne peut se définir que par le succès. C'est sa seule justification. » Les traits de sa personnalité sont inscrits dans ces quelques lignes : goût de la création et compétitivité, engagement et ouverture d'esprit, quête de réussite. Nommé à trente ans chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), il succède dix ans plus tard à Jean-Claude Dreyfus à la direction du Laboratoire de recherche en génétique et pathologie moléculaires, devenu Institut Cochin (2002), jusqu’en 2008. Membre de nombreuses commissions et instances – président de la Commission du génie biomoléculaire (1988-1997), membre du Comité consultatif national d'éthique (1992-2004), président de la Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap (2009-2020) –, il sera par ailleurs président de l'université Paris-Descartes entre 2007 et 2011.
Ses premiers travaux scientifiques ont porté sur certaines affections du globule rouge. Par la suite, son équipe a ébranlé le concept alors en vigueur selon lequel à un gène correspond une seule enzyme, en révélant un des tout premiers exemples de production de deux messagers à partir d'un seul gène. Ses travaux portant sur le rôle des nutriments dans le contrôle de l'expression de certains gènes, notamment dans le foie, sont internationalement reconnus.
Ses champs de recherche se sont alors élargis, apportant une moisson de données nouvelles donnant lieu à de très nombreuses publications dans la presse scientifique internationale. Ainsi, son équipe contribue à mieux comprendre la régulation d’un gène, qui code la pyruvate kinase, par le glucose. Par la suite, il met en avant la notion de « transcription illégitime », démontrant que tout gène est transcrit à bas bruit dans tout type de cellules. Son laboratoire s'est aussi illustré dans le domaine de la thérapie génique en étudiant son efficacité sur des modèles murins de maladies musculaires comme la myopathie de Duchenne, ou sur des maladies hépatiques. Son équipe identifie également une hormone clé du métabolisme du fer, l’hepcidine. Enfin, il s’est très tôt intéressé avec ses collaborateurs aux mécanismes des cancers et a ainsi décelé l'altération génétique la plus fréquemment en cause dans le cancer primitif du foie. Il est l’auteur de plus de 500 publications scientifiques et a été le cofondateur et le rédacteur en chef de la revue internationale de recherche biomédicale en langue française médecine/sciences de 1986 à 1998.
Président du comité Éthique et cancer (2008-2019) et du comité d’éthique commun aux organismes INRAE-CIRAD-IFREMER-IRD depuis sa création, Axel Kahn se signale dès les années 1990 par un engagement médiatique contre les dérives potentielles du génie génétique, tant en ce qui concerne ses applications à l’être humain que les domaines de l’agriculture et de l’environnement. Souvent sollicité à participer à des débats portant sur éthique, sciences et société, il est l’auteur de nombreux ouvrages de réflexion sur la notion de bien et d’humanité (Et l’homme dans tout ça ?, 2000, Nil ; L’Homme, ce roseau[...]
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Écrit par
- Hélène GILGENKRANTZ : directrice de recherche INSERM
Classification
Médias