AYMARAS
L'histoire et les structures des Aymaras
L'histoire de l'ethnie aymara est encore mal connue, bien que, par sa culture, celle-ci soit relativement plus homogène que les autres ethnies andines, et que sa tradition orale soit riche et ancienne. Comme les autres groupes amérindiens, on présume que les ancêtres des Aymaras vinrent d'Asie, sur le continent américain, il y a environ 20 ou 30 000 ans, via le détroit de Béring. Leur origine amazonienne ne constitue pour le moment qu'une hypothèse. Ils sont très certainement les héritiers des bâtisseurs de la grande métropole de Tihuanacu, située à 20 km au sud du lac Titicaca. L'importance de la culture de Tihuanacu dans l'histoire des Andes tient, d'une part, à la situation géographique de cette ville (il s'agit d'un des plus anciens empires de l'hémisphère Sud, situé, qui plus est, sur des hautes terres), d'autre part, à la durée de son influence (sept siècles environ, jusqu'au xiiie siècle).
La plupart des métropoles qui appartiennent à cette culture sont des villes non fortifiées dont l'architecture est avant tout religieuse, ce qui les différencie nettement des sites de l'intermède tardif, époque postérieure qui correspond à l'hégémonie aymara. Les grands centres religieux distribués sur les hautes terres mais aussi dans les vallées et régions côtières servirent sans doute de lieux d'échanges de produits. Sur les hautes terres, cette période est marquée par une intensification de la production et par une considérable expansion de l'agriculture en terrasses. La chute de l'empire de Tihuanacu coïncide avec l'émergence d'une série de petits États qui survécurent pendant deux siècles environ. Ces chefferies, dont la population parlait en majorité l'aymara, étaient situées sur les bords du Titicaca et au sud de l'Altiplano. Leur développement marque le début de la période historique bolivienne, et l'on peut dire que, du xve siècle jusqu'à l'arrivée des Espagnols (dans cette partie des Andes l'hégémonie incaïque dura environ un demi-siècle), ce sont en grande partie les structures sociales de ces chefferies que les deux colonisations – incaïque et espagnole – ré-utilisèrent à leur profit. À l'époque de son hégémonie, le territoire aymara occupait une étendue comprise entre Cuzco, capitale des Incas, et ce qui constitue aujourd'hui le nord de l'Argentine. Les chefferies, au nombre de douze, avaient leurs centres de pouvoir sur les parties les plus hautes de l'Altiplano. Par les chroniqueurs espagnols du xvie siècle et par les fouilles archéologiques on sait que les sites aymaras étaient constitués par des groupements urbains fortifiés (les puccaras), établis aux alentours de 4 100 m afin d'assurer la protection des hommes et des troupeaux. Ces sites, qui, dans la région du Titicaca, sont à 10 ou 20 km des rives du lac, sont proches de points d'eau et situés dans une région favorable à l'élevage des lamas ; pour la plupart, ils sont dominés par des groupements funéraires de forme circulaire (les chulpas). Pendant toute la période des chefferies, qui correspond à l'âge mythique de l'aucaruna (« temps de la guerre », en aymara) et qui succède au purunruna (« époque des ancêtres », confondue fréquemment avec le temps des chulpas), ces centres de pouvoir ne cessèrent de se combattre les uns les autres, cette attitude belliqueuse semblant avoir été l'un des traits dominants du groupe.
Chacune des douze chefferies (canchi, cana, colla, lupaca, pacaje, caranga, sora, charca, quillaca, caracara, chui, chicha) était divisée en deux moitiés, autour de l'axe aquatique constitué par le lac Titicaca et le fleuve Desaguadero, et qui longe l'Altiplano selon une direction nord-ouest - sud-est. Ainsi, chaque[...]
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Écrit par
- Thérèse BOUYSSE-CASSAGNE : chargée de recherche au C.N.R.S.
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