SENNA DA SILVA AYRTON (1960-1994)

Le triple champion du monde

Chez Lotus, il signe six victoires. En 1988, il rejoint l'écurie McLaren-Honda, où Ron Dennis a fait le pari de l'associer à Alain Prost, autre pilote d'exception. Le Français avait déjà été couronné champion du monde à deux reprises. Sous leur double emprise, l'équipe McLaren-Honda domine outrageusement, abandonnant en seize grands prix une seule victoire à Ferrari. Senna avait triomphé huit fois, Prost sept. Ce fut le premier titre de champion du monde pour le Brésilien. Pour nombre d'observateurs, sa saison 1988 reste la plus probante. En 1989, malgré six succès et treize pole positions, il laisse échapper le titre dans la confusion : lors du Grand Prix du Japon, il tente une manœuvre des plus hasardeuses pour essayer de dépasser Alain Prost : les deux monoplaces s'accrochent ; Prost est contraint à l'abandon ; Senna se voit disqualifié, sous la pression de Jean-Marie Balestre, alors tout-puissant président de la Fédération internationale du sport automobile.

La rivalité entre les deux champions s'est exacerbée, et il devient patent que les deux pilotes ne pourront pas cohabiter une année supplémentaire au sein de la même écurie. Ron Dennis, le patron de McLaren, privilégie Senna au détriment de Prost – l'image du romantique Brésilien lui semblant plus « porteuse » que celle du Français, qui fonde ses succès plus sur la stratégie que sur le panache. En 1990, Prost, qui a rejoint la Scuderia Ferrari, demeure néanmoins le rival le plus sérieux de Senna pour la couronne mondiale. Une nouvelle fois, le titre se joue dans la polémique lors du Grand Prix du Japon : Senna « harponne » Prost au départ, les deux pilotes abandonnent, ce qui assure mathématiquement le titre au Brésilien, qui a obtenu cette année-là six victoires, contre cinq pour Prost. En 1991, Ayrton Senna est sans rival : Alain Prost, en froid avec les dirigeants de la Scuderia Ferrari, ne dispose pas d'une monoplace compétitive, et Senna, qui a remporté sept grands prix, est sacré, devant le Britannique Nigel Mansell.

Mais la donne a changé. En effet, Williams s'est associé avec Renault, et la monoplace dont disposent en 1992 les deux pilotes de cette écurie – Nigel Mansell et l'Italien Ricardo Patrese – s'avère beaucoup plus compétitive que la McLaren-Honda de Senna. Le Brésilien remporte certes trois victoires cette année-là, mais il ne se classe que quatrième du Championnat du monde. Senna se sent d'autant plus meurtri qu'Alain Prost, qui s'était accordé une année sabbatique, annonce en septembre qu'il a signé avec Williams pour la saison 1993, une clause de son contrat spécifiant que Senna ne pouvait pas être son coéquipier. Furieux, Senna déclare une guerre à outrance pour 1993. La Williams-Renault de Prost était plus compétitive que la McLaren-Ford de Senna, mais le Brésilien tint la dragée haute au Français. Il réalisa notamment une de ses prestations d'anthologie le 11 avril, sur le circuit de Donington (Grande-Bretagne), multipliant les dépassements sur une piste détrempée par la pluie : Prost, troisième, se voit relégué à plus d'un tour du magicien brésilien ! Néanmoins, en fin d'année, le Français est sacré champion du monde, devant Senna, et annonce sa retraite sportive. Les deux hommes se réconcilient enfin.

Senna profite de ce départ pour s'asseoir dans le baquet libéré par Prost chez Williams-Renault, son ambition étant évidemment de conquérir un nouveau titre. Il joue de malchance lors des deux premiers grands prix de l'année, remportés par le jeune Allemand Michael Schumacher. Le dimanche 1^er mai 1994, Ayrton Senna trouve la mort sur le circuit d'Imola alors qu'il abordait à 307 kilomètres par heure la courbe de Tamburello. Il fut vraisemblablement victime d'une défaillance mécanique de sa Williams-Renault.[...]