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ĀYURVEDA

L'Āyurveda est le nom sanskrit de la « science de la vie », c'est-à-dire de la médecine indienne conçue comme comprenant toutes les conditions organiques, biologiques et psychologiques de l'existence dans la santé et la maladie, ainsi que les règles de la pratique médicale.

Littérature de l'Āyurveda

L'Āyurveda est théoriquement rattaché, dans l'ensemble du savoir traditionnel indien, à l'ensemble de textes sacrés dit Veda, le « savoir » par excellence. Il y est rattaché tantôt comme un membre supplémentaire de l'Atharvaveda (recueil d'hymnes et de charmes), tantôt comme un « sous-veda » du Ṛgveda (recueil d'hymnes). Il est, théoriquement aussi, divisé en huit branches : chirurgie générale (Śalya), ophtalmologie et oto-rhino-laryngologie (Śālākya), thérapeutique générale (kāyacikitsā), médecine des possessions démoniaques (bhūtavidyā), obstétrique et puériculture (kaumārabhṛtya), toxicologie (agadatantra), médecine tonifiante (rasāyana), médecine des revigorants et aphrodisiaques (vājīkaraṇa). En fait, très peu de traités suivent cette division et leur matière ne dérive ni de l'Atharvaveda ni du Ṛgveda, quoique le premier, ainsi qu'un autre Veda, le Yajurveda, contiennent déjà des noms d'organes, de maladies et de remèdes, voire des allusions à des conceptions de physiologie qui se retrouvent en partie dans l'Āyurveda.

Les principaux textes conservés sont la Carakasaṃhitā et la Suśrutasaṃhitā qui donnent à l'Āyurveda une origine légendaire et divine, mais lointaine. Le premier texte est présenté comme contenant l'enseignement du sage Ātreya Punarvasu, transmis à plusieurs disciples, spécialement à Agniveśa, et rédigé et corrigé par Caraka. Un médecin de ce nom a exercé à la cour de l'empereur Kaniṣka (ier-iie siècle de notre ère). Certaines parties de l'œuvre ont été complétées par Dṛḍhabala du Kashmir antérieurement au xie siècle. La Suśrutasaṃhitā donne l'enseignement du dieu Dhanvantari, mais par l'intermédiaire d'un Divodāsa, roi de Banaras, et du médecin Suśruta. L'enseignement de Suśruta aurait été complété par Nāgārjuna auquel est attribué un manuel de médecine très répandu à travers l'Asie, condensé en cent stances, le Yogaśataka, ainsi que plusieurs ouvrages d'alchimie et de philosophie bouddhique. Depuis le viie siècle, la tradition identifie l'alchimiste au philosophe qui vivait au ier ou iie siècle.

Les autres textes principaux sont ceux de Bhela (qui dérive comme celui de Caraka de l'enseignement d'Ātreya) et surtout de Vāgbhaṭa (Aṣṭāngasaṃgraha et Aṣṭāngahṛdaya, en grande partie fondés sur Caraka et Suśruta, viie siècle environ). À côté d'eux existe une littérature āyurvédique foisonnante comprenant d'autres traités généraux, des manuels spécialisés, des dictionnaires et des commentaires. Les manuels spécialisés concernent les occasions de naissance des maladies, de la connaissance desquelles découlent une hygiène très développée, la thérapeutique et la matière médicale. Les principaux commentateurs sont Ḍalhaṇa (sur Suśruta) et Cakradatta (sur Caraka), auteur lui-même d'ouvrages de thérapeutique et de matière médicale.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

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