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AZIDOTHYMIDINE (AZT)

La molécule appelée zidovudine – appellation pharmaceutique de l’azidothymidine, abrégée en AZT – est le premier médicament doté d’une certaine efficacité contre le VIH, le virus responsable du sida. Cet analogue d’un composant de l’ADN, la thymidine, bloque en effet l’enzyme qui permet la multiplication du virus dans une cellule infectée. La molécule et ses propriétés antivirales étaient connues depuis le milieu des années 1960, mais son usage thérapeutique a été lancé au début des années 1980 pour tenter de faire face à la mortalité liée à l’épidémie de sida. Après plusieurs essais cliniques, il est établi en 1985 que la molécule augmente l’espérance de vie des malades du sida. La Food and Drug Administration (FDA) en approuve l’usage thérapeutique le 20 mars 1987. La molécule est commercialisée par Burroughs Wellcome, sous le nom de Retrovir®.

La mise au point de médicaments antiviraux est toujours difficile dans la mesure où les virus utilisent le métabolisme cellulaire pour se multiplier : de ce fait, interférer avec la multiplication virale équivaut dans la plupart des cas à interférer avec la vie cellulaire elle-même. Dans le cas particulier des rétrovirus, dont le VIH fait partie, le génome viral est de l’ARN, qui doit être copié en ADN pour que le virus puisse se multiplier. L’enzyme qui assure cette copie, la transcriptase inverse, n’existe pas dans la cellule hôte. Son blocage doit donc, en théorie, ralentir la multiplication virale sans trop perturber le fonctionnement de l’organisme. Plusieurs antirétroviraux, dont l’AZT, la ciblent donc. Cependant, l’AZT n’est pas entièrement spécifique et la molécule se révèle toxique chez l’homme, ce qui conduit à ajuster, difficilement, les doses administrées aux malades, pour obtenir un équilibre raisonnable entre effet thérapeutique et effets secondaires.

L’AZT est restée plusieurs années le seul médicament disponible dans le traitement du sida et a donc été largement utilisée en dépit de ses effets secondaires importants (nausées, anémie, faiblesse musculaire, etc.). L’apparition de nouvelles substances antirétrovirales a permis leur association avec l’AZT et la mise au point de traitements plus efficaces, moins contraignants et mieux tolérés (trithérapie depuis 1996). L’AZT n’est de ce fait plus utilisée seule.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

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