- 1. Le Mexique avant les Aztèques
- 2. Premiers temps et installation dans la vallée de Mexico
- 3. L'ordre aztèque
- 4. La religion
- 5. Le calendrier et la soumission aux « livres du destin »
- 6. Tenochtitlán, la ville
- 7. L'organisation sociale
- 8. La vie économique
- 9. Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque
- 10. Tenochtitlán, la grande cité lacustre du Nouveau Monde
- 11. Bibliographie
AZTÈQUES
Tenochtitlán, la grande cité lacustre du Nouveau Monde
L’aventure de Tenochtitlán débute au xive siècle au milieu des marécages inhospitaliers du lac de Texcoco. Fondée sur un îlot naturel qu’aurait désigné le dieu tribal Huitzilopochtli, elle devient en l’espace de deux cents ans le centre de l’empire aztèque. La construction de la plus grande cité lacustre du Nouveau Monde exigea des travaux d’aménagements colossaux et beaucoup d’imagination doublée d’une ingéniosité sans pareil. La puissance de cette mythique « nouvelle Venise », aujourd’hui ensevelie sous l’actuelle mégalopole qu’est la ville de Mexico, est peu à peu mise au jour par les nombreuses découvertes archéologiques qui conduisent à une nouvelle lecture du monde aztèque.
Au cours de l’année 2015, dans le cadre de la construction d’un nouvel aéroport de Mexico (projet finalement abandonné en 2018), l’équipe de la Direction du « sauvetage archéologique » de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire mexicain (INAH) dirigée par l’archéologue Raúl Barrera Rodríguez découvre et explore une zone située à proximité immédiate du centre historique de la ville et composée de trente « jardins flottants » nommés chinampas et utilisés à l’époque aztèque. Il s’agit d’une découverte inédite et fondamentale qui, pour la première fois, marque une transition entre l’étude des descriptions historiques et celle, in situ, d’aménagements archéologiques liés à la vie lacustre de l’ancienne Tenochtitlán. Situé dans l’une de ses anciennes zones marécageuses, ce site à ciel ouvert de 4,5 hectares se localise dans l’actuel quartier (colonia) Transito, à deux kilomètres au sud du site archéologique du Templo Mayor. Dans les sources historiques datées principalement du xvie siècle, ce site aujourd’hui identifié comme celui d’Ateponazco appartenait au quartier de l’extrême sud-ouest de l’ancienne Mexico-Tenochtitlán, décrit comme une zone de culture composée de nombreuses chinampas. Les archéologues ont relevé une trentaine de ces parcelles artificielles d’approximativement 30 mètres de longueur sur 2 à 8 mètres de largeur. Il semblerait qu’elles aient toutes servi, à l’exception d’une seule comprenant un mur d’habitation, à une production visant l’autosuffisance des habitants du voisinage. Ces chinampas étaient délimitées en partie par l’une des grandes voies navigables qui reliaient le sud du bassin à la métropole, jusqu’aux abords de l’enceinte sacrée (recintosagrado). Elles étaient séparées les unes des autres par de petits canaux principalement utilisés pour l’irrigation. À cette découverte exceptionnelle s’ajoute la mise au jour de seize offrandes consacrées à des divinités agraires, le dieu du vent, Ehecatl-Quetzalcoatl, et celui du maïs, Chicomecoatl. Là, plus de six cents objets entiers, tels que figurines et céramique aztèque, parfaitement conservés, ont été trouvés. Cette pratique de rituels domestiques est à associer à la bénédiction des chinampas avant leur mise en culture, dans le but de s’assurer la protection des dieux. Toutefois, il semblerait que ce site ait connu un abandon assez rapide, moins d’une cinquantaine d’années après la chute de Tenochtitlán, principalement en raison du remaniement urbain imposé par les conquistadors.
Au commencement, l’eau et la boue
Le bassin de Mexico, situé à plus de 2 000 mètres d’altitude, est ceinturé par de hautes chaînes de montagnes volcaniques, ponctuées de sommets qui dominent le paysage, tels le Popocatépetl (5 452 m) et l’Iztaccíhuatl (5 230 m), amoureux maudits de la « légende des volcans » de l’époque préhispanique. De ces montagnes ruissellent de nombreux cours d’eau et rivières qui alimentaient, au rythme des saisons, cinq lacs de faible profondeur, établis à différentes altitudes : au nord,[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Alexandra BIAR : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
- Mireille SIMONI : assistante au musée de l'Homme
Classification
Médias
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