- 1. Le Mexique avant les Aztèques
- 2. Premiers temps et installation dans la vallée de Mexico
- 3. L'ordre aztèque
- 4. La religion
- 5. Le calendrier et la soumission aux « livres du destin »
- 6. Tenochtitlán, la ville
- 7. L'organisation sociale
- 8. La vie économique
- 9. Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque
- 10. Tenochtitlán, la grande cité lacustre du Nouveau Monde
- 11. Bibliographie
AZTÈQUES
La religion
On ne peut en effet comprendre le destin de ce peuple sans connaître les grandes lignes de sa religion. On l'a dit, les Aztèques se considéraient comme le peuple élu du Soleil, chargé d'en assurer la marche en le nourrissant. Un mythe de la création éclaire cette idée. Au commencement du monde, tout était sans vie, noir, mort. Les dieux se réunirent dans les ténèbres à Teotihuacán et se demandèrent : « Qui aura la charge d'éclairer le monde ? » Deux dieux se proposèrent. Au moment de se jeter dans le brasier, l'un des deux hésita, recula : il devint la Lune. L'autre, un petit dieu humble et pauvre (sans doute représente-t-il la tribu à ses humbles débuts), s'y jeta sans hésiter : il devint le Soleil. Mais les astres étaient morts, ils ne bougeaient pas dans le ciel. Tous les autres dieux présents décidèrent alors de se sacrifier pour les nourrir. Et la nourriture qui leur était nécessaire, c'était « l'eau précieuse », le sang. C'est ainsi que les hommes se trouvent obligés de recommencer éternellement le sacrifice divin, et s'estiment responsables de la marche du monde.
Le trait de la religion aztèque qui frappa le plus les conquérants, et qui explique la violence de la répression contre l'idolâtrie, est justement cet extraordinaire « fleuve de sang » dans lequel baignait le Mexique. Plus la tribu prenait de l'importance, plus grand lui semblait son rôle historique et plus les sacrifices humains se multipliaient. Sous le règne du sixième roi aztèque, Ahuitzotl, on procéda à la rénovation du grand temple de Mexico-Tenochtitlán. On a évalué à vingt mille le nombre des prisonniers de la « guerre fleurie », sacrifiés à cette occasion. Les canaux de la ville charriaient du sang. Toutes les formes de sacrifice étaient pratiquées – pendaison, crémation, sacrifice par les flèches, etc. – mais les plus fréquentes étaient l'arrachement du cœur sur la pierre de sacrifice et le sacrifice gladiatoire. Celui-ci consistait, pour un prisonnier armé seulement de bois et lié par un pied, à combattre contre des guerriers « aigles » ou « jaguars » en armes.
Il semble que ces sacrifices aient été acceptés par les futures victimes. Le genre de vie qui les attendait dans l'autre monde dépendait, en effet, non de leur mérite, mais de leur trépas. Et il n'était mort plus glorieuse, destin plus noble que de mourir au combat ou au sacrifice. Les guerriers devenaient alors « compagnons de l'aigle » c'est-à-dire du Soleil, qu'ils avaient nourri de leur sang et qu'ils allaient accompagner dans sa course jusqu'au zénith. Là, leur cortège était relayé par celui des femmes mortes en couches, considérées, elles aussi, comme des guerriers ayant bien combattu.
Si les formes de sacrifices étaient multiples, c'est qu'ils s'adressaient à des dieux différents. La religion aztèque est remarquable par son polythéisme illimité. Les Aztèques ne « tuaient » jamais un dieu conquis, mais l'adoptaient dans leur panthéon, essayant de faire coïncider sa personnalité avec celle d'un de leurs dieux ; s'ils n'y parvenaient pas, ils lui rendaient un culte dans un temple particulier, réservé à ces dieux conquis.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Alexandra BIAR : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
- Mireille SIMONI : assistante au musée de l'Homme
Classification
Médias
Autres références
-
LES AZTÈQUES (exposition)
- Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
- 938 mots
À de nombreux titres, l'exposition présentée à Londres, à la Royal Academy of Arts, du 16 novembre 2002 au 11 avril 2003, constitua un événement majeur pour la perception européenne des arts précolombiens. Tout d'abord, la qualité et la diversité des œuvres exposées, 359 au total dont beaucoup pour...
-
AZTÈQUES (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 3 537 mots
- 13 médias
Lorsque les conquistadores débarquent en 1519 sur les côtes du Mexique, la jeune civilisation aztèque est en pleine expansion. Installés depuis moins de deux siècles sur les rives du lac Texcoco, les Aztèques se sont imposés à leurs voisins en moins de cent ans. Leur société guerrière hérite d’une...
-
ALIMENTATION (Comportement et pratiques alimentaires) - Anthropologie de l'alimentation
- Écrit par Dominique FOURNIER
- 6 095 mots
- 3 médias
C'est le cas des commentaires sur laconsommation du pulque d'agave au Mexique depuis l'époque précolombienne jusqu'à nos jours. On a répété à l'envi que les Aztèques n'autorisaient cette boisson fermentée faiblement alcoolisée qu'aux anciens, et dans des circonstances exceptionnelles ; que... -
AMÉRINDIENS - Amérique centrale
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Georgette SOUSTELLE
- 7 512 mots
- 1 média
L'empire aztèque s'est écroulé le 13 août 1521, jour de la prise de Mexico-Tenochtitlán par l'armée d'Hernán Cortés, armée composée en majeure partie d'Indiens désireux de secouer le joug aztèque. Au cours des années suivantes, l'occupation espagnole s'étendit aux autres...
-
AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole
- Écrit par Jean-Pierre BERTHE
- 21 855 mots
- 13 médias
...utilisé les divisions qu'ils avaient su discerner au sein du monde indigène : Cortés exploite les rancœurs des peuples tributaires de la confédération Aztèque, s'appuie sur Tlaxcala contre Tenochtitlan ; Pizarro profite de la querelle entre Huascar et Atahualpa pour la succession de l'empire inca. Ils... -
NOUVEAU MONDE CHRONIQUES DU
- Écrit par Jacques LAFAYE et Itamar OLIVARES
- 3 656 mots
- 8 médias
...indigène mexicain. Son œuvre est fondamentale tant pour l'étude de la religion et des mythes, que pour celle de l'histoire, des coutumes et des codex des Aztèques. Fray Diego de Landa, franciscain également, se livra à une semblable recherche sur la civilisation maya dans sa Relation des choses du Yucatán... - Afficher les 30 références