- 1. Le Mexique avant les Aztèques
- 2. Premiers temps et installation dans la vallée de Mexico
- 3. L'ordre aztèque
- 4. La religion
- 5. Le calendrier et la soumission aux « livres du destin »
- 6. Tenochtitlán, la ville
- 7. L'organisation sociale
- 8. La vie économique
- 9. Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque
- 10. Tenochtitlán, la grande cité lacustre du Nouveau Monde
- 11. Bibliographie
AZTÈQUES
La vie économique
Les conquérants décrivent avec admiration l'extraordinaire richesse et la beauté des marchés de Tenochtitlán regorgeant de richesses de tous les coins de l'empire, denrées précieuses, céramiques fines, objets d'or et de pierres fines, ouvrages de plumes, etc. L'économie, si précaire lors de l'établissement dans la lagune, était devenue beaucoup plus florissante. L'alimentation de base des Aztèques, comme celle des Indiens d'aujourd'hui, était fondée sur le complexe maïs-haricots-courges-piments. Un certain nombre de plantes cultivées sont originaires du Mexique et, de là, gagnèrent l'Europe avec le succès que l'on sait : la tomate (tomatl), le cacao, etc. Certaines ressources d'appoint étaient aussi fournies par le lac, comme au temps de la misère de la tribu. Le Mexique ancien ne connaissait pratiquement pas la volaille ni la viande de boucherie, à l'exception du dindon (animal également originaire du Mexique) et du chien, d'une espèce particulière, petit et sans poils, que l'on engraissait pour le manger. En revanche, le gibier abondait, en particulier les oiseaux lacustres. Si la table des hommes du peuple était frugale, celle des nobles comportait un grand nombre de plats très recherchés.
Il serait d'ailleurs faux de se représenter ce monde aztèque comme un monde fermé : les rapports les plus constants existaient entre les différentes parties de l'empire. Les peuples, soumis ou alliés, devaient payer un tribut très lourd à Moctezuma : balles de coton, mesures d'or, plumes de quetzal, manteaux richement tissés, etc. Les peuples de la Huaxteca ont, semble-t-il, toujours influencé la mode des hauts plateaux, comme en témoigne en particulier la petite pèlerine triangulaire – le quexquemitl– originaire de la côte, que portaient (et portent encore) les femmes des hautes terres.
Après avoir tracé les grandes lignes de cette civilisation extrêmement brillante que la Conquête devait arrêter brutalement, insistons encore sur le caractère de jeunesse de cette société. Ce serait sans doute une erreur que de figer dans le temps l'image du monde aztèque. Dans tous les domaines, sur tous les plans, l'évolution aurait continué. L'écriture, encore pictographique, était en train d'acquérir une certaine abstraction. Sur le plan religieux, les dieux jeunes et guerriers de la tribu se superposent aux dieux agraires pour composer un panthéon extrêmement complexe, polythéiste et sanguinaire. Il faut signaler cependant l'influence de Quetzalcóatl, roi-prêtre de Tula et dieu civilisateur, patron des collèges religieux. Durant sa vie, il avait été très opposé aux sacrifices humains. Les prêtres dédiés à son culte prônaient l'autosacrifice et pratiquaient les sacrifications. Enfermés dans leurs collèges, ils méditaient et se livraient à une analyse de plus en plus approfondie de leur interprétation religieuse de l'univers. Sur le plan humain, cette religion, en apparence formelle, mais fondée sur l'idée de la précarité du monde et de la responsabilité humaine, aboutissait au rigorisme le plus strict et à la défense des plus hautes valeurs morales. À l'aide de longs discours on répétait à l'enfant, puis à l'adolescent, ce qu'il devait à sa dignité d'homme, l'attachement qu'il lui fallait montrer à ses devoirs et sa responsabilité vis-à-vis des dieux.
La structure sociale elle-même contenait des ferments de trouble, et une opposition se serait probablement développée entre une noblesse de plus en plus attachée à ses prérogatives et tentant de s'ériger en caste et une classe de marchands, de plus en plus riche, prenant de la puissance sans acquérir de statut.
La politique extérieure de l'empire aztèque posait également des problèmes. Le besoin en « nourriture divine »,[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Alexandra BIAR : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
- Mireille SIMONI : assistante au musée de l'Homme
Classification
Médias
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