- 1. Le Mexique avant les Aztèques
- 2. Premiers temps et installation dans la vallée de Mexico
- 3. L'ordre aztèque
- 4. La religion
- 5. Le calendrier et la soumission aux « livres du destin »
- 6. Tenochtitlán, la ville
- 7. L'organisation sociale
- 8. La vie économique
- 9. Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque
- 10. Tenochtitlán, la grande cité lacustre du Nouveau Monde
- 11. Bibliographie
AZTÈQUES
Le Templo Mayor : révélations sur le monde aztèque
Le 21 février 1978, une découverte relance les recherches archéologiques sur les Aztèques. Avant cette date, nos connaissances sur ce peuple étaient issues de rares fouilles scientifiques et de trouvailles accidentelles, mais surtout de descriptions dues aux chroniqueurs de la conquête, dont les récits minutieux n'avaient pu être vérifiés. Ce jour-là, les ouvriers de la compagnie d'électricité réalisent une intervention dans le sous-sol du centre de Mexico, où ils trouvent un énorme monolithe circulaire, qui s’avère être la représentation de Coyolxauhqui, la déesse de la Lune.
Un mois plus tard, les autorités mettent en place le projet du Templo Mayor, un programme permanent de recherche scientifique qui, à travers la fouille archéologique de l’enceinte sacrée de Tenochtitlán, vise à reconstituer la vie religieuse de la capitale de l’empire aztèque – le mot aztèque désigne le peuple fondateur de l’empire, Mexicas et Tenochcas sont les habitants de la ville de Tenochtitlán. L'équipe de chercheurs est constituée d'archéologues, de restaurateurs, d'anthropologues, de biologistes, de chimistes et d'historiens.
D'après les calculs démographiques, Tenochtitlán comptait 250 000 habitants à l'arrivée des Espagnols. L’enceinte sacrée, au cœur de laquelle se trouve le Templo Mayor, était séparée de l’espace profane et délimitée par une plate-forme rectangulaire de 360 mètres sur 340. Cet ensemble préhispanique se trouve recouvert par l'actuel centre historique de Mexico, ville qui, avec ses 20 millions d'habitants, est l'une des plus complexes du monde. Le centre-ville est lui-même protégé par les lois du patrimoine, car il contient des édifices coloniaux d'une grande valeur qui, par ailleurs, s'enfoncent de plusieurs centimètres par an à cause de la nature marécageuse du sous-sol. Cela donne une idée de l'énorme défi qu'implique une fouille archéologique dans une telle urbanisation.
Le projet Templo Mayor se trouve dans sa neuvième saison de fouilles, qui touchera à sa fin en 2024, ce qui représente près d’un demi-siècle de travaux, puisque la première saison a débuté en 1978. En 2017, la surface fouillée représentait 18 300 mètres carrés ; les découvertes les plus significatives sont la pyramide principale ou Huey Teocalli – en langue nahuatl –, la maison des Aigles, 15 sanctuaires, 171 offrandes, ainsi que d’innombrables sculptures et peintures murales.
Une recherche pluridisciplinaire
L’équipe d’archéologues du projet Templo Mayor a fait appel à diverses disciplines pour assurer la recherche sur le terrain et mieux interpréter les découvertes qui en découlent. Des biologistes ont collaboré à l’identification des restes de plantes et d’animaux largement représentés dans les offrandes. Les études géophysiques – qui impliquent, entre autres instruments, l’utilisation systématique du radar à pénétration de sol (GPR) – ont permis de visualiser les caractéristiques du sous-sol avant d’entreprendre les fouilles, ce qui limite la destruction de vestiges d’occupation humaine. La tomographie de certains objets ainsi que la reproduction expérimentale de techniques anciennes ont fait avancer la connaissance de leurs processus de fabrication. Les études microchimiques et pétrographiques ont révélé les composants des roches et argiles utilisés dans la construction pour parvenir à situer leurs sources naturelles dans le bassin de Mexico, mais aussi dans des régions lointaines. Ces mêmes analyses, appliquées aux sols des sanctuaires, contribuent à la reconstitution des cérémonies qui s’y déroulaient : encens brûlé, aliments offerts, sacrifices humains. Les pigments présents dans les décorations murales et les sculptures ont été aussi analysés pour connaître leur chromatique originale et obtenir ainsi un aperçu de leur[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Alexandra BIAR : docteure en archéologie des Amériques, chercheuse associée au laboratoire Archéologie des Amériques - UMR 8096 - CNRS
- Mireille SIMONI : assistante au musée de l'Homme
Classification
Médias
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