BAATH, BA'TH ou BAAS
Parti socialiste de la renaissance arabe, le Baath est un parti politique fortement structuré qui, dépassant les frontières des États, se veut un mouvement unitaire arabe et socialiste. Fondé en 1943 à Damas par un chrétien orthodoxe, Michel Aflak, le philosophe du parti, et Ṣālah al-Biṭar, qui en sera le tacticien et participera au pouvoir, le parti Baath adopte sa constitution en 1947 ; il recrute des adhérents dans de nombreux pays du Moyen-Orient, et se trouve au pouvoir dans deux d'entre eux : l'Irak et la Syrie.
Des valeurs sur lesquelles repose l'idéologie du parti, unité, liberté et socialisme, la première est la plus importante ; il s'agit de réaliser la « grande nation arabe » qui supprimera les frontières artificielles. Pour les théoriciens du parti, le nationalisme arabe doit résoudre les problèmes économiques et sociaux par un renversement des valeurs jusqu'alors imposées par des classes sociales réactionnaires, la disparition des classes et de la division en pays devant mettre à la disposition de tous les Arabes des ressources parfois détenues par certains d'entre eux seulement. Ainsi le socialisme doit susciter une renaissance du peuple arabe grâce à un nouvel ordre économique et à de nouvelles valeurs. Ce socialisme arabe se veut pragmatique et reste entièrement étranger au communisme, considéré comme un phénomène extérieur à la nation arabe, privatif de liberté, porteur enfin d'un matérialisme et d'un internationalisme incompatibles avec les valeurs spirituelles et le nationalisme arabes. La lutte de classes est rejetée, par Aflak en particulier, car elle est censée ne prendre en considération qu'une seule classe, le prolétariat, alors que c'est le peuple entier qui doit bénéficier du changement et du progrès.
L'athéisme marxiste n'est pas davantage admis : dans une société arabe, il n'est pas possible d'ignorer l'islam ; le Baath le reconnaît comme une partie essentielle de l'héritage arabe, mais veut le cantonner à la vie privée. Accusé d'athéisme, en particulier par les Frères musulmans, il déclare s'inspirer des valeurs positives de l'islam, tout en prônant la laïcité. Le Baath a été, dès 1948, l'un des premiers mouvements à recommander le non-alignement, estimant que l'Est comme l'Occident s'étaient montrés hostiles aux Arabes en créant l'État d'Israël.
Le Baath est structuré selon des méthodes éprouvées par d'autres partis et propres à favoriser l'action clandestine. Une fois au pouvoir, le parti double les structures civiles et militaires. Fortement centralisé, il ne permet que les liaisons verticales entre les diverses instances. Les différents rouages (cellule, section, division, branche, région) sont coiffés par le Commandement national de la révolution (national est ici synonyme d'arabe, puisque les régions sont les différents États arabes). Ce dernier coordonne les actions pour la conquête du pouvoir, décide de la stratégie politique et joue un rôle d'arbitre entre les diverses tendances ; toutefois, du fait des dissensions apparues entre les branches syrienne et irakienne depuis 1963, ce sont les commandements régionaux qui sont les plus actifs. Le parti cherche à être un parti de masse. En fait, c'est surtout un parti minoritaire, voire élitiste, dont la force repose sur la discipline et l'organisation. Opposé au culte de la personnalité, il préconise partout la collégialité du pouvoir.
Le Baath s'est emparé du pouvoir dans deux pays successivement : l'Irak où il renverse le général Kassem, le 8 décembre 1963, et la Syrie qu'il contrôle un mois plus tard. Dans ce dernier pays, le régime réussit à se maintenir malgré de graves difficultés et des luttes violentes entre la gauche et les modérés. En Irak, le Baath reste d'abord au pouvoir[...]
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Écrit par
- Françoise MEUSY : auteur
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